Fêter la Sainte Famille
Quelques jours après la fête de Noël, celle de la Sainte Famille appelle à méditer encore sur l’Incarnation de la Personne de Dieu le Fils dans une vraie famille humaine.
Une vie de famille humaine
Dans sa grande sobriété sur le sujet, l’Evangile livre pourtant quelques traits caractérisant la famille humaine où Jésus « grandissait et se fortifiait », « progressait en sagesse, en taille et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Lc. 2, 40 ; 52). Les premiers chapitres nous montrent une famille poussée sur les routes, pauvre sans doute, mais pas complètement démunie, puisque Joseph avait un « chez lui » (Mt. 1, 24) pour y accueillir son épouse. Ils ont connu l’exil et la vie de réfugiés (Cf. Mt. 2, 14). Une famille proscrite, forcée de fuir la persécution, une famille pas toujours bien considérée. Ceux qui écoutent Jésus s’étonnent de sa sagesse et de ses miracles : n’est-il pas le fils du charpentier ? ( Cf. Mc. 6, 3).
C’est l’aspect humain de la famille de Jésus. Ils pratiquaient ensemble leur religion, en faisant circoncire l’enfant (Cf. Lc. 2, 21), en le présentant au Temple (Cf. Lc. 2, 22) et en allant au Temple chaque année (Cf. Lc 2, 41), ce qui représentait un long pèlerinage, de plus de trois journées de chemin. C’est à l’occasion de l’un d’eux que Saint Luc nous montre l’angoisse des parents pour leur fils disparu et les remontrances qu’ils lui font (Cf. Lc 2, 48-51). Plus tard , nous verrons, à Cana (Cf. Jn, 2), la confiance de Marie envers Jésus devenu adulte. Et enfin, son affliction au pied de la croix, où Jésus laisse ses dernières instructions (Cf. Jn. 19, 25). Ces épisodes familiaux affirment la nature humaine de Jésus. Ils sont en même temps entrecoupés de paroles se rapportant à sa nature divine.
Pour le Fils de Dieu
Jésus, « Fils de David, Fils d’Abraham » (Mt. 1, 1), est révélé à Joseph et à Marie comme engendré de l’Esprit (Cf. Mt. 1, 20 ; Lc. 1, 35) et « Fils de Dieu » (Mt. 1, 35). Déjà reconnu comme son Seigneur par Elisabeth (Cf. Lc. 1, 42), il est à sa naissance, salué par l’armée céleste comme étant le Christ Seigneur (Cf. Lc. 2, 11). Le Vieillard Syméon le salue aussi comme tel. Lui-même dira à ses parents, en parlant du Temple : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père »(Lc. 2, 49). Devant ses parents humains, il s’affirme ainsi comme Fils de Dieu, par cette parole paradoxale qu’il répètera en chassant les marchands de « la maison de son père » (Jn. 2, 16). La Sainte Famille, où réside Jésus, « saint et fils de Dieu » (Lc. 1, 35) est aussi le modèle de l’Église domestique que constitue chacune de nos familles humaines.
Être membre de la famille de Dieu
La liturgie du dimanche qui suit le Jour de Noël nous montre l’exemple de la Sainte Famille et nous invite à prier pour recevoir « la grâce de pratiquer comme elle, les vertus familiales et d’être unis par les liens de son amour. »
« Dans cette sorte d’Église qu’est le foyer » (LG 11), les parents sont invités « par la parole et par l’exemple » à être les premiers hérauts de la foi, vis-à-vis de leurs enfants d’abord. La famille apparaît comme la première école de vie chrétienne, où on apprend l’endurance et la joie du travail, l’amour fraternel le pardon généreux, même réitéré et surtout, le culte divin par la prière et l’offrande de sa vie. (Cf. CEC1 1657) C’est par cette voie qu’ils pourront entrer dans la famille de Dieu.
Être membre de la famille de Dieu, est d’abord un don de Dieu : « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu » (1Jn 3.1). Pour être frères ou sœurs de Jésus, il faut le suivre, être ses disciples et faire la volonté du Père (Cf. Mt. 12, 49-50). Dans son Épitre aux Éphésiens, Saint Paul montre le chemin qui conduit à être membre de la famille de Dieu. C’est le sang du Christ qui nous a rendu proches et c’est grâce à lui, dans un seul Esprit que nous avons accès au Père (Cf. Ep. 2, 11-22).
Prions avec le Pape François
Le pape François a rédigé une prière à la sainte famille qui clôt l’exhortation apostolique La joie de l’amour, publiée le 8 avril 2016.
« Jésus, Marie et Joseph
en vous, nous contemplons la splendeur de l’amour vrai,
en toute confiance nous nous adressons à vous.
Sainte Famille de Nazareth,
fais aussi de nos familles
un lieu de communion et un cénacle de prière,
d’authentiques écoles de l’Évangile
et de petites Églises domestiques.
Sainte Famille de Nazareth,
que plus jamais il n’y ait dans les familles
des scènes de violence, d’isolement et de division ;
que celui qui a été blessé ou scandalisé
soit, bientôt, consolé et guéri.
Sainte Famille de Nazareth,
fais prendre conscience à tous
du caractère sacré et inviolable de la famille,
de sa beauté dans le projet de Dieu.
Jésus, Marie et Joseph,
Écoutez, exaucez notre prière
Amen ! »
Pour aller plus loin
« …par la vertu du sacrement de mariage, qui leur donne de signifier en y participant le mystère de l’unité et de l’amour fécond entre le Christ et l’Église (cf. Ep 5, 32), les époux chrétiens s’aident mutuellement à se sanctifier dans la vie conjugale, par l’accueil et l’éducation des enfants ; en leur état de vie et leur ordre, ils ont ainsi dans le Peuple de Dieu leurs dons propres (cf. 1 Co 7, 7). De leur union, en effet, procède la famille où naissent des membres nouveaux de la cité des hommes, dont la grâce de l’Esprit Saint fera par le baptême des fils de Dieu pour que le Peuple de Dieu se perpétue tout au long des siècles. »
(Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen gentium, 11)
« Vous qui autrefois étiez païens, traités de « non-circoncis » par ceux qui se disent circoncis à cause d’une opération pratiquée dans la chair, souvenez-vous donc qu’en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu. Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint.
(Ep. 1, 11-22)