La conversion de Saint-Paul
Par la lumière et la Parole du Christ qu’il reçoit sur le chemin de Damas, par son baptême et par l’effusion de l’Esprit, Paul devient l’apôtre des païens. L’Église célèbre le 25 janvier cet événement fondateur.
Un récit de vocation
La conversion de Saint Paul est évoquée à diverses reprises dans le Nouveau Testament (1), particulièrement dans deux récits qu’en font les Actes des Apôtres. En faisant une lecture croisée de ces textes, on y retrouve des éléments caractéristiques de certaines vocations de prophètes.
En route vers Damas pour arrêter les adeptes du Christ, il rencontre le Seigneur. La confrontation est rude. Il est jeté à terre. Il est rendu aveugle par la lumière de Dieu. Il entend la Parole
Saul, Saul, Pourquoi me persécuter ?
Ensuite, des signes lui sont donnés. Par l’intermédiaire d’Ananie, le Seigneur lui rend la vue et il reçoit le baptême.
Saul reçoit une mission : sortir de Jérusalem et aller au loin vers les païens. Pourtant, il résiste. Il dit pouvoir affronter les habitants de la Ville sainte qui le connaissent comme persécuteur des premiers chrétiens.
Une parole d’assurance lui est confiée : le Dieu de nos pères l’a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre la voix sortie de sa bouche.
Confrontation avec Dieu, parole d’introduction, ordre de mission, objection, parole d’assurance, signes : ces éléments du récit évoquent ceux relatés par l’Ancien Testament lors de plusieurs vocations de prophètes (2). Cependant, celui qu’on appelle désormais Paul n’est pas un prophète comme les autres, mais un apôtre du Christ.
Un apôtre du Christ
Dans sa première lettre aux Corinthiens (9, 1-2 ; 15, 8-14), Paul revendique la qualité d’apôtre car il a vu le Seigneur et parce que les convertis de Corinthe l’on été par son apostolat.
Il se décrit comme le moindre des apôtres parce qu’il persécutait l’Église de Dieu, mais pourtant apôtre, en qualité de témoin de la Résurrection et par la Grâce de Dieu. Relisant l’événement de Damas qui fonde sa prédication, il y voit la rencontre du Christ ressuscité. Comme les apôtre à la Pentecôte, il a reçu l’Esprit.
Paul insiste plusieurs fois sur le fait que sa qualité d’apôtre lui a été donnée sans intermédiaire. Il a été « mis à part dès le sein maternel », appelé par la grâce. Après Damas, il est allé aussitôt en mission, sans repasser par Jérusalem ni voir d’autres apôtres. (Cf. Ga. 1, 15-19). Il est libre, seulement inféodé à la grâce Cette grâce dont il répétera souvent qu’elle est, avec la foi, le fondement de la justification. Moment fondateur de l’apostolat de Paul, le chemin de Damas marque pour lui un véritable retournement.
Une conversion
Tombé à terre, Paul se relève sur l’injonction du Seigneur. A partir du XII e siècle, les artistes ont souvent représenté Paul tombant d’un cheval, animal dont il n’est nullement question dans le Nouveau Testament. Ils ont sans doute voulu souligner la puissance et la soudaineté de l’action divine. Paul, en route pour la persécution, jeté à terre, ne peut pas aller plus loin dans cette direction. Il est relevé par le Christ. Lui qui est « la voie, la vérité la vie » (Jn. 14, 6), lui indique une nouvelle « voie » : évangéliser les nations.
Pendant trois jours, Paul perd la vue. Sous l’action du Christ, par le ministère d’Ananie, il voit de nouveau. Mais sa vision est renouvelée. Des écailles sont tombées de ses yeux. Il voit désormais vers où le Seigneur veut le conduire. Ces trois journées dans l’obscurité rappellent le séjour du Christ dans les ténèbres. Elles s’achèvent de fait par le baptême dont Paul dit qu’il nous fait participer à la mort du Christ pour que, ressuscités comme lui par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle (Cf. Rm. 6, 4).
Soyons des témoins
Avec toute l’Église, faisons nôtre la prière liturgique de ce jour :
Dieu qui a instruit le monde entier par la parole de l’apôtre Saint Paul, dont nous célébrons aujourd’hui la conversion, accorde-nous d’aller vers toi en cherchant à lui ressembler, et d’être, dans le monde, les témoins de ton Évangile.
Par Philippe de Pompignan
(1) Notamment en Ac. 9, 1-28 ; Ac. 22, 3-16 ; 1 Co. 9, 1-2 ; 1 Co. 15, 9-11 ; Ga. 1, 11-24 ; Ph. 3, 2-16.
(2) Cf. Joëlle FERRY, « Le récit des vocations prophétiques » Église et vocations n° 102, CEF PARIS, 2011.