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La messe chrismale


Chaque année, dans tous les diocèses du monde, prêtres, diacres et fidèles se réunissent pour célébrer la messe chrismale. Elle se célèbre normalement au matin du Jeudi saint mais peut être anticipée. Dans notre diocèse, elle a lieu le mardi de la Semaine sainte à 20h00 à la Cathédrale de Versailles.

Pourquoi « chrismale » ?

La messe chrismale reçoit cette appellation parce que c’est au cours de cette célébration que le saint-chrême est consacré. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.

Avec le saint-chrême qui est l’objet d’une consécration spéciale, deux autres huiles sont bénites :

  • l’huile des catéchumènes qui sert dans les célébrations préparatoires au baptême surtout pour les adultes ou les enfants déjà grands.
  • l’huile des malades qui sert dans la célébration du Sacrement des malades.

La consécration du saint chrême est une liturgie plus solennelle que la bénédiction des huiles. L’évêque verse le baume dans l’urne, puis il dit une longue prière de consécration. Pendant cette prière tous les prêtres concélébrant étendent la main vers le saint chrême.

Une fête pour le diocèse

Prêtres, diacres et fidèles sont invités largement à cette célébration qui manifeste l’unité de tout le diocèse autour de son évêque.
Au cours de cette messe, l’évêque invite les prêtres puis les diacres à renouveler leurs promesses sacerdotales et diaconales, l’engagement qu’ils ont pris le jour de leur ordination, engagement de service auprès de leur évêque. Ils manifestent ainsi leur volonté de suivre le Christ et de poursuivre leur mission dans l’Église c’est-à-dire vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité. L’évêque pose aux prêtres trois questions concernant leur engagement et à trois reprises les prêtres répondent “oui je le veux”.

Le sacrement des maladesLe mot grec chrisma signifie onction. Chrisma a donné : Christ, et aussi : Chrétien. L’onction s’appuie sur le symbolisme de l’huile. Celui qui est oint comme le roi puis le prêtre en Israël, est pénétré par la puissance divine.

Cette huile est aussi parfumée. Le parfum indique la présence de quelqu’un qu’on ne voit ni n’entend : ” Nous sommes la bonne odeur du Christ ” écrit St Paul (2 Cor 2,15). L’huile est par elle-même chargée de divers symboles : nourriture, éclairage, remède, fortifiant, parfum… Elle rappelle l’onction que se faisaient les lutteurs, dans l’Antiquité, avant le combat. Elle est porteuse de guérison, de santé et de beauté.

Le geste de l’onction est très ancien. Dans l’Ancien Testament on le voit pratiqué aussi bien de manière profane (joie, honneur, hospitalité) que comme rite de consécration à Dieu. C’était le cas pour l’autel, pour les rois, pour les prêtres et spécialement le Grand prêtre.

La célébration des sacrements a repris toute cette richesse symbolique : une huile spéciale sert à purifier et à fortifier ceux qui se préparent au baptême ; une autre exprime la guérison et le réconfort pour les malades ; le Saint Chrême, employé au baptême, à la confirmation et à l’ordination, est un signe de consécration au Seigneur. «  L’esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction… » Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. (Lc. IV, 16-20. Evangile de la Messe Chrismale).

L’onction du saint chrême nous marque du sceau de l’Esprit. Dans l’Antiquité, le sceau servait comme aujourd’hui à authentifier un document, mais il marquait aussi, par exemple, l’appartenance des soldats à leur armée. Jésus lui-même se déclare « marqué du sceau de son Père. » (cf. Jn 6,27) Le sceau de la confirmation par exemple exprime notre appartenance définitive à Dieu, mais aussi la promesse de sa protection dans les épreuves.
L’onction avec le saint chrême est le signe principal du sacrement de la confirmation. Elle est aussi un signe secondaire dans d’autres sacrements : baptême, ordinations. Il faut se souvenir aussi que l’onction est aussi un geste de consécration à Dieu ou de bénédiction : églises, autels…

Saint ChrêmeOn utilise le saint chrême pour les sacrements que l’on ne reçoit qu’une fois, parce que l’huile symbolise ce qui est indélébile : quand on est marqué par le saint chrême, on est marqué à tout jamais par l’amour de Dieu.

Les mots chrême, Christ et Chrétien ont la même racine. Le Christ est celui qui est consacré pour une mission, et pour cela il est oint, avec de l’huile (cf. l’onction sur David). La messe chrismale rappelle lors de la consécration du chrême que l’onction marquait dans l’ancien testament les prêtres, les prophètes et les rois… et la prière consécratoire rajoute : les martyrs !

Le Chrétien, en étant marqué de cette huile, est consacré pour être lui aussi un Christ, à la suite du Christ, et participer à sa triple mission de Prêtre (adoration et intercession), roi (service du prochain) et prophète (annonce de la Bonne Nouvelle).

Témoignage du P. Benoît Chevalier

« Lors de mon ordination, je me souviens de ce moment où après avoir reçu l’imposition des mains par l’évêque et les prêtres du diocèse, je me suis avancé vers l’évêque, et à genou, je lui ai présenté mes mains pour qu’il les marque du Saint Chrême.
Tandis qu’il traçait la croix dans les paumes avec l’huile, je pensais à cette grâce inouïe qui m’était faîte : j’étais consacré, moi un pauvre pécheur, pour, avec ces mains, célébrer la messe, pardonner les péchés, soulager les malades… au Nom du Christ…
Durant les minutes qui suivirent je gardai les mains jointes prêt de mon visage pour sentir la bonne odeur du Saint Chrême et m’émerveiller de cette consécration. Il me restait à m’en montrer digne ! »

Onction des malades Ce sont bien des femmes qui arrivèrent au tombeau pour embaumer d’huiles et d’onguents le corps de Jésus. Elles voulaient offrir à leur Seigneur ce qu’il y avait de plus précieux. Or, c’est bien, une fois encore, un Don premier de Dieu qui nous est fait dans l’onction des malades.

Marie en a fait l’expérience en ce début d’année scolaire quand quelques semaines plus tôt le verdict est tombé. Malade, il lui a fallu affronter protocoles et traitements lourds. L’huile de l’onction des malades, reçu un soir d’automne, dit-elle aujourd’hui, est « ce parfum de Dieu qui vient redonner force. C’est le signe de Sa présence au cœur de la maladie, c’est Sa douceur qui pénètre le corps pour donner force devant le combat, c’est Sa tendresse qui se pose pour apaiser les douleurs physiques et permettre de les surmonter ».

Au-delà de l’onction, Marie retient de ce sacrement qu’il ne lui a pas été donné uniquement à elle. Ce don de Dieu reçu au cours de la célébration du sacrement des malades a rejailli sur son entourage. Yves en témoigne : « Avec ce sacrement vécu en communion avec Marie, c’est toute notre famille qui a trouvé l’élan de se battre à ses côtés. Cette force de Dieu agit sur nos enfants, nos parents, nos proches, nos amis et chacun à sa mesure à pu aider Marie à surmonter son épreuve ». Aussi était-il important pour Marie que ce sacrement soit vécu en paroisse, entourée de sa communauté. Ce signe de la présence de Dieu sur elle, au cœur de sa maladie, doit selon elle, être un « signe extérieur » que toute la communauté doit percevoir.

Aujourd’hui Marie va mieux, et balaye d’un revers de main cette interrogation : « qu’en serait-il si je n’avais pas reçu ce sacrement ? » peu importe la réponse, l’aujourd’hui de sa vie est dans la certitude que Dieu l’accompagne, que ce sacrement continue d’agir en elle, qu’il est bien un sacrement pour la vie car Dieu est venu pour que nous ayons la Vie. Et quand, certains jours, le moral est en berne, elle fait mémoire de cette soirée de novembre en relisant le psaume et les textes du jour de la célébration qui désormais l’accompagnent : « Je suis venu pour que vous ayez la Vie et que vous l’ayez en abondance » Jn 10, 10