Le sens du baptême
L’eau est un symbole paradoxal : symbole de vie par excellence dont elle est une source indispensable, elle est aussi un signe de mort tant sa puissance destructrice semble incontrôlable dans bien des situations catastrophiques. De même, Vie et Mort sont liées dans les effets du baptême.
Mourir à ce qui n’est pas Dieu
Nous ne naissons pas spontanément ajustés à Dieu. Nous héritons au contraire, dès l’origine, d’une situation de blessure et de fragilité : le cœur de l’Homme, dès sa naissance, est compliqué et malade, enclin au Mal plus facilement qu’au Bien. Par la Baptême, cette situation de péché est guérie, et nos fautes personnelles sont pardonnées si nous avons déjà eu le temps d’en commettre, selon l’âge auquel nous sommes baptisés.
Le baptême, bien-sûr, n’est pas magique : nous gardons en nous les séquelles du mal qui nous a touché, et aussi une certaine fragilité qui nous fait facilement pencher vers le Mal. Mais la chute n’a plus rien d’inévitable : le baptême nous donne toutes les forces nécessaires pour combattre le Mal, et renoncer à ce qui n’est pas Dieu.
Renaître à une vie nouvelle
Deux images peuvent aider à comprendre ce que veut dire « entrer dans la vie de Dieu ». D’abord l’image de la naissance, tout simplement : par le baptême, nous ne vivons plus seulement de la vie biologique, que nous savons fragile et limitée. Nous vivons de la vie même de Dieu, du souffle de l’Esprit Saint dans notre cœur. Cette nouvelle source de vie, force pour croire, pour aimer, et pour espérer, est sans limite. Ce n’est pas le jour de notre mort que nous entrons dans la vie éternelle, mais dès le jour de notre baptême !
On peut aussi parler du baptême comme d’une adoption, une décision libre de Dieu de nous considérer comme ses enfants bien-aimés, et de nous assimiler à son Fils unique, Jésus Christ.
Entrer dans l’Eglise
Le baptême fait de nous les membres d’un même corps, l’Eglise, famille de tous ceux qui se reconnaissent le même Père. Frères et sœurs en Jésus Christ, les baptisés participent aussi à sa mission : le baptême n’est pas seulement à recevoir, il est à vivre. Chaque baptisé appartient au Christ. C’est pour cela qu’il s’appelle « chrétien ». A son tour, il doit être témoin dans sa vie concrète de l’amour de Dieu pour tous les Hommes.
Le baptême tisse des liens d’unité qui vont bien au-delà des limites de l’Eglise catholique : catholiques, orthodoxes et protestants ont dans le baptême un lien sacramentel d’unité qui les appelle à dépasser leurs divisions.
Les dons de Dieu sont irréversibles. Si chacun est libre, même après son baptême, de se détourner de Dieu, Dieu lui ne cesse jamais d’offrir son pardon et d’inviter à la communion avec lui. Rien ne peut effacer le sceau que le baptisé porte au fond du cœur : il est frappé à l’effigie du Christ, à la manière d’une pièce de monnaie. Toute sa vie, le chrétien est invité à déployer cette ressemblance qu’il porte au fond du cœur.
Un baptême à vivre
Le baptême inaugure ainsi une vie toute entière placée sous le signe de la Pâque, du passage. Il faut mourir à l’enfance pour grandir. Mourir à la vie de célibataire, pour entrer dans l’aventure de la vie à deux. Mourir à la vie à deux, pour passer du couple à la famille en accueillant l’enfant. Laisser ses enfants devenir adultes et partir. Accepter de vieillir. Vivre son baptême, c’est « mourir chaque jour », comme dit saint Paul (1 Corinthiens 15,31). C’est chaque jour « se jeter à l’eau ». Vivre son baptême, c’est naître aussi chaque jour. C’est vivre sa vie à la manière du Christ.