
“Roubaix, une lumière” : une espérance possible dans la noirceur humaine ?
Deux professionnels et deux approches humaines d’une même situation de misère sociale. Une belle réflexion sur le mal, la culpabilité et la pitié.
Un film construit sur le documentaire d’un fait divers.
Drame policier d’Arnaud Desplechin, sortie cinéma en 2019 (2h)
Fiche d’animation à télécharger
Proposition d’animation
Quel est le quotidien de ce commissariat ?
Par quels évènements passe le récit ? Quelle part d’actions de nuit ou de jour ?
Qu’est-ce que ça révèle de la société ?
Le fonctionnement même du commissariat peut questionner. Aucun lien avec la justice n’est montré ou évoqué. Le propos du film n’est donc pas de juger.
Le film est structuré en deux parties : la première donnant une épaisseur au récit par la diversité des situations auxquelles sont confrontés les policiers. Cette partie donne à voir la ville de Roubaix. Comment le commissaire Daoud gère-t-il ses troupes ?
Louis exprime dans son journal une facette de la ville de Roubaix : « Cent fois, j’ai frappé aux portes de cette ville. Elles s’ouvrent sur des femmes, voilées, battues ou triomphales. » Pourquoi ces gens sont-ils venus ici ? Polonais, Portugais, Algériens… Avant, la ville était prospère, il y avait de l’emploi. Aujourd’hui, c’est la misère, le sentiment « d’avoir compté et de n’être plus rien ».
La deuxième développe plus particulièrement toute l’enquête autour du meurtre de la vieille femme.
Lister toutes les postures, gestes emprunts d’humanité ainsi que la manière dont Daoud exprime aimer son prochain. (par exemple s’engageant à chercher un bon avocat). Mais n’est-il pas aussi manipulateur ?
A l’inverse le lieutenant Coterelle ne voit que la misère et la noirceur et se trompe beaucoup : « Mais comment vous faites avec la misère ? ». Le commissaire balaye la question du revers de la main : « C’est rien ça. » Et il poursuit : « Parfois, on sait pas pourquoi, tout s’illumine. »
Comment est exprimé l’amour de la ville de Roubaix ? Comment comprendre le titre du film ?
Quelle place pour la lumière pour un film dont l’essentiel se passe de nuit ? Qu’est-ce qui est lumière ou qui est lumière ? le commissaire plein d’intuitions qui sait tout avant que les aveux ne soient prononcés ? (« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Antoine de St Exupéry)
Quelle posture du réalisateur sur la misère sociale qu’il présente ? Que dénonce ou revendique-t-il ?
Il y a insistance sur la dualité de ces deux jeunes femmes. Le film ne montre pas le crime, mais sa reconstitution qui va aider les deux femmes à affronter le sordide de leur acte. Qu’apporte cette mise en abyme ?
Dans l’enquête, la quête de la vérité domine.
Comment se situe la caméra pour suivre chaque personnage ? Quelle impression cela crée-t-il ?
« Je crois que la position de la caméra et le jeu de l’acteur peuvent donner à voir les pires tourments des âmes. C’est la puissance d’incarnation propre au cinéma. Je crois que la fiction gagne à être un miroir possible du réel. » mentionne le réalisateur dans le dossier de presse du film.
Louis demande à Daoud : « vous avez toujours su si un suspect est coupable ? », il répond : « Toujours… j’essaie de penser comme eux. »
Comment la parole est gérée pour faire passer du déni à l’aveu, faire éclore la vérité intérieure qui cache le mal ? « Il faut que tu nous dises la vérité. Tu vas te sentir bien mieux après. »
Quel parallèle penser avec le sacrement de réconciliation et la rédemption qu’il apporte ?
Le film traduit une certaine espérance malgré la misère, une foi en l’homme malgré sa fragilité : quels arguments dans ce sens ? (par exemple tous les points positifs de dénouement avec l’aveu des filles, l’arrêt du violeur, l’ado retrouvée…, le lien avec la fête de Noël période de déroulement du récit, rendre son humanité aux coupables…)
Pour un pas de plus : Mc 14, 7 « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous »
Jésus déjoue les accusations et exprime une forte empathie envers la femme pécheresse. Quel parallèle avec le film ?
Jn 3,16-21 autour des questions de jugement, de salut et le rapport mal / vérité et lumière