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La mort et la résurrection de Jésus au coeur de notre espérance – Extrait de la lettre pastorale de Mgr Crepy


Notre évêque a rédigé une lettre pastorale aux catholiques des Yvelines pour se préparer à entrer dans l’Année Sainte jubilaire qui s’ouvre le 29 décembre 2024. Elle sera disponible dans les paroisses le WE du 12, 13 octobre 2024. Dans cet extrait, il nous invite à réfléchir sur la mort et la résurrection de Jésus au coeur de l’espérance des chrétiens.

Jésus, le Crucifié ressuscité : fondement de l’espérance chrétienne

Pour commencer, allons à l’essentiel : c’est la mort et la résurrection de Jésus le Christ, au coeur de notre foi, qui fondent l’espérance chrétienne. La foi chrétienne vit de la résurrection du Christ crucifié et l’espérance chrétienne est ancrée dans l’avenir ouvert définitivement par le Ressuscité.

Les premiers chrétiens ont perçu la nouveauté et la force de l’espérance qui naît de l’évènement de la résurrection. Paul le rappelle clairement aux chrétiens d’Éphèse, issus du paganisme : «  Vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu. » (Ep 2, 12) Forts de cette espérance si nouvelle et si surprenante pour le monde antique – comme pour le nôtre aujourd’hui –, les premières communautés chrétiennes ont traversé avec confiance les temps si difficiles, mais si féconds, de la naissance de l’Église, comme saint Paul s’en fait l’écho auprès de celle de Thessalonique : «  Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. » (1 Th 4, 13-14). Et le pape Benoît XVI de commenter : «  Apparaît comme élément caractéristique des chrétiens le fait qu’ils ont un avenir : ce n’est pas qu’ils sachent dans les détails ce qui les attend, mais ils savent de manière générale que leur vie ne finit pas dans le néant. C’est seulement lorsque l’avenir est assuré en tant que réalité positive que le présent devient aussi vivable […] L’Évangile n’est pas uniquement une communication d’éléments que l’on peut connaître, mais une communication qui produit des faits et qui change la vie. La porte obscure du temps, de l’avenir, a été ouverte toute grande. Celui qui a l’espérance vit différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée.¹ »

Ainsi, depuis 2000 ans, l’espérance chrétienne demeure vive, à chaque génération, pour ceux et celles qui découvrent la présence du Crucifié ressuscité, comme, aujourd’hui, les nombreux catéchumènes qui font grandir nos communautés. L’espérance chrétienne, c’est la vie en Dieu qui a triomphé de la mort et du mal, une vie nouvelle – une vie pour toujours – à laquelle tous sont appelés. Cette espérance, avec l’aide de l’Esprit Saint, est source de force, d’amour et de discernement (cf. 2 Tm 1, 7).

De la Croix à la Résurrection : le chemin de l’espérance offert à tous

Dieu ne désespère pas de l’humanité : il a envoyé son Fils unique, Jésus le Christ qui offre, par sa Croix et sa Résurrection, une espérance nouvelle à toute personne. Cette espérance n’est le fruit ni du coeur des hommes, ni de la raison humaine, elle nous est donnée par le Crucifié ressuscité lorsqu’il révèle définitivement au monde combien est grand l’amour de Dieu. Dans la crucifixion de Jésus de Nazareth – Dieu fait homme – sont combattus le mal, la haine, l’injustice, la violence du monde.

Rien ne permet de dire, face à la croix, que l’espérance chrétienne se déploie dans l’illusion ou la consolation facile… Non, rien ! Regardons la Croix qui n’efface pas la présence du mal et du péché, ne retire ni les guerres, ni les atrocités qui hantent l’histoire humaine, n’enlève pas les espoirs à jamais tus. Regardons Celui qui y meurt en demandant au Père de pardonner à ses bourreaux, faible lueur déjà d’une possible espérance… Alors que toute espérance semblait définitivement close comme le tombeau où reposait le corps de Jésus, ou comme le désespoir de Marie-Madeleine errant dans le jardin au petit matin (Jn 20, 11-13), le Christ est ressuscité ! La mort a été vaincue une fois pour toutes dans l’histoire de l’humanité. Se révèle, désormais, offert à tous, l’avenir du Christ, bonne nouvelle de l’espérance que Dieu nous donne ². En Christ, Dieu n’a pas désespéré mais a tant aimé notre monde ; ce monde pourtant si abîmé mais capable d’accueillir la rédemption de l’amour et la vie éternelle. La Résurrection est la faille ébranlant les murs de l’absurde et de la désespérance qui se dressent entre les hommes. L’espérance chrétienne : jamais la Croix sans la Résurrection, jamais la Résurrection sans la Croix ! Ainsi est tracé le chemin d’espérance dont témoigne l’Église depuis le matin de Pâques : « Par la résurrection du Crucifié, une brèche est faite dans les limites où se brisent toutes les espérances humaines, et c’est là que la foi peut et doit s’élargir en espérance.³ »

Téléchargez la lettre pastorale “Porter une parole d’espérance dans les Yvelines”

Références :
1- Benoît XVI, Encyclique Spe Salvi, § 2.
2- L’espérance, comme la foi et la charité, est un don de Dieu. Pour cela, ces trois réalités sont appelées vertus « théologales » c’est-à-dire tournées vers l’action
de Dieu avant d’être le fruit de nos actions.
3-  Jürgen Moltmann, Théologie de l’espérance, p. 16.