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La Traversée, un film d’animation pour évoquer l’adolescence et la migration


L’univers du conte pour aborder la question de la transmission et la migration du côté des migrants mineurs non accompagnés

Film d’animation d’1h24 de Florence Miailhe, 2021, qui a reçu 2 prix et 2 nominations

Un conte intemporel sur le passage de l’enfance à l’adolescence pour deux pré-adolescents perdus sur les routes de l’exil… Kyona, 13 ans, et son frère Adriel, 12 ans dans le contexte de migration pour fuir la guerre et les violences.

Au cours d’un voyage initiatique qui les propulse dans l’âge adulte, les deux jeunes gens traversent de multiples épreuves et territoires pour atteindre la liberté.

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Propositions d’animation

Après avoir repéré ce que racontait le film en repérant notamment les différents chapitres, étapes de la migration :

Autour des questions de migration

  • Quel voyage ? préciser le rôle de la carte donnée par le père à Kyona
  • Quelles découvertes les enfants (et surtout Kyona) font-ils à la gare avant de prendre le train ? (Ouverture à la différence, aux malheurs des autres qui envoient aussi sur les routes…)
  • Comment le racisme est-il évoqué ?
  • Quel rôle pour les oiseaux ? on pourra préciser quel oiseau intervient au fil du récit et ce qu’il apporte au récit. (par exemple, les corbeaux. Ces oiseaux sont grégaires et s’alimentent de cadavres d’animaux. Comment comprendre le groupe d’enfants des rues assimilés à des corbeaux ? La pie du film est associée à la musique, elle peut s’envoler librement quand Kyona est enfermée ou surveillée. Elle donne cette note d’espérance qui permet de croire en une liberté possible. Serait-elle une forme d’ange gardien ?)
  • Histoire individuelle / histoire collective  : la forme du récit est parfois presque documentaire, soulevant à travers le récit, l’histoire de peuples qui ont dû fuir ; mais c’est aussi l’histoire personnelle de la réalisatrice avec la mémoire de sa famille qui offre un témoignage incarné. La relecture par le carnet de dessin peut offrir un parallèle avec la vigile pascale et l’évocation de toute l’histoire du salut…C’est aussi une forme de transmission.
  • Que penser de la séquence d’adoption dans la famille d’accueil avec le changement de nom des enfants ? est-ce une manière de nier le passé ? de vouloir soumettre ?
  • Tout le périple est tendu vers le passage de la frontière. Visuellement, le paysage devient verdoyant. Comme chrétien, la réflexion peut se poursuivre par un échange autour du psaume 22 (Sur les prés d’herbe fraiche…). Comment le psalmiste permet une lecture renouvelée du périple des enfants ?

 

Pour prolonger la réflexion sur la migration, un jeu proposé par la Cimade

Devenir adulte, devenir quelqu’un

  • Le rapport au temps : grandir demande du temps et des épreuves.
    On aura déjà repéré les différents lieux du récit. Comment le passage des saisons marque le travail de la couleur opéré par la réalisatrice ? Qu’apporte-t-il au récit ?
  • Chaque enfant ne grandit pas au même rythme : comment décrire les étapes de cette maturation pour chacun des frère et sœur ? Comment chacun grandit-il, s’adapte-t-il ? (par exemple, Kyona a besoin de temps pour s’adapter à chaque nouveau contexte, nouveau défi alors que son frère s’intègre vite, se fait aimer, quitte à abandonner toute morale. Chacun manifeste différemment le besoin de survivre, de croire en un avenir possible. Le deuil se vit différemment pour chacun. Mais tous deux apprennent à se battre, à résister, à perdre et à aimer.)
  • Qu’apporte le fait qu’ils soient deux ? même si Kyona est seule dans la séquence centrale du film chez la femme comparable à la Baba Yaga, sorcière aux yeux de l’entourage.
  • Visuellement, qu’est-ce qui marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte pour Kyona ? (le corps prend des formes féminines, la coupe des cheveux, l’écorchure qui donne des gouttes de sang suivie de l’évocation des premières règles)
  • Symbolique des couleurs  : quel personnage évoque le gris, la dualité en chacun ?

Les questions morales soulevées :

  • Comment comprendre l’importance de la promesse de Kyona à ses parents ?
  • Quel impact de la responsabilité de sœur aînée ?
  • Quel refus des compromissions ? en particulier en lien avec la figure du personnage de Jon sans foi ni loi, l’ambiguïté de Iskender protecteur, profiteur…
  • Quelle réflexion sur le fait de tuer ?
  • Comment surgit la question du consentement ? (dans le jeu de séduction entre Iskender et Kyona, entre Kyona et Erdewan. Le blond lumineux en opposition au brun tatoué caché sous sa mèche)

 

Autour du pouvoir de l’art

  • Le cahier de dessins est omniprésent : Quelle place pour l’imaginaire chez Kyona ? Comment le film le montre ? (place du rêve)
  • Quel lien avec la vie de la réalisatrice et son histoire familiale, source d’inspiration du film ?
  • Qu’est-ce que la capacité à s’évader, voir le beau permet à la jeune fille ?
  • De tout temps l’art permet aux artistes d’exprimer ce que les mots ne peuvent dire, de montrer au monde ce qui est indicible.
  • Une ouverture sur des types de représentation d’artistes comme Chagall, Picasso permettra de s’interroger sur l’évolution des formes, des couleurs.

Des pistes d’analyse avec des plus jeunes à retrouver sur les dossiers mis à disposition par le distributeur.