Regards sur la terre d’Israël

Je vous ferai entrer dans le pays que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob ; je vous le donnerai en possession, moi l’Éternel. Ex 6, 8

Chercher, de tout son cœur et de toute son âme… pour entrevoir la Présence du Seigneur à travers l’histoire de cette terre ‘promise’.
Le même mot signifie aussi ‘prendre soin’ : cette terre promise par l’Eternel… “c’est un pays dont le Seigneur ton Dieu prend soin – darash דָּרַשׁ – : les yeux du Seigneur ton Dieu sont fixés sur lui constamment, du début à la fin de l’année.” Dt 11, 12, magnifique chapitre 11 du Deutéronome. Une promesse et une bénédiction promises face à la liberté de l’homme.

Intervenants :

• Emmanuel Gougaud, Délégué diocésain pour les Relations avec le Judaïsme et l’Unité des Chrétiens.
• Philippe Boukara : Historien, spécialiste du judaïsme français contemporain, coordinateur de la formation au Mémorial de la Shoah, enseignant au Collège des Bernardins.
• Pierre Hoffmann, prêtre du Diocèse de Versailles, ancien délégué diocésain pour le Judaïsme.
• Yaël Bartak, proche du courant Massorti, et Marie-Odile Bonnans, présidente de l’association “Au vent des Rencontres”.

 

Intervention du Père Pierre Hoffmann

Partir de la réalité des faits : de la ‘terre’ dans son sens premier, de la géographie de cette terre, pour réfléchir sur ce que cette terre particulière nous apprend de l’Alliance entre Dieu et l’humanité. Pourquoi ce ‘hiatus‘ entre la réalité des faits et la vérité que cherche le pèlerin qui foule cette terre ? Il faut expliquer, chercher – darash – pour comprendre comment les évangiles expriment avec la pédagogie de chaque auteur la réalité de la Foi.

Intervention de Philippe Boukara

Le lien avec le Pays d’Israël est un des fondements de l’identité juive, qui fait d’ailleurs l’objet d’interprétations diverses. Comprendre la nature ce lien permet, paradoxalement, de comprendre la persistance des communautés juives de Diaspora, minoritaires dans les sociétés environnantes mais porteuses de l’idéal messianique. Depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, une composante du peuple juif vit désormais en situation de majorité dans le pays de la Promesse. Qui plus est, cette composante est en passe de rassembler la majorité du peuple juif. Envisager comme légitime une souveraineté juive dans cet espace géographique n’implique pas une méconnaissance des liens qui relient d’autres populations, musulmanes et chrétiennes, aux mêmes territoires : ce sont les modalités de leur coexistence harmonieuse qu’il faudra rechercher, et non se résigner à leur confrontation sans fin.

Intervention de Yaël Bartak

Le hiatus dont parlait le père Hoffmann est inscrit dans la Bible. “Va vers le pays que je te ferai voir !” dit Dieu à Abraham. Ce pays ne se laisse pas voir dans l’immédiateté. Le verbe est au futur. Cette terre n’est pas nommée, c’est un peuple qui donne son nom à la terre. Pour que cette terre ‘promise‘ devienne une terre ‘permise‘, alors sa postérité devra partir pour un long exil… : Gn 15, 8. La terre s’appelait alors : terre de Canaan, petit-fils de Noé, maudit par Noé. La terre de Canaan, c’est la terre du maudit… Le peuple d’Israël a pour vocation de transformer ce lieu de marécages, de déserts, de douleurs… en terre promise ! Alors que cette terre est une terre déjà habitée. Il y a donc un chemin de fraternité à déployer. La vocation du peuple d’Israël n’est pas dans un enracinement dans “adama” – le terroir, l’humus – mais dans une Alliance pour faire de “eretz Israël” la terre de la promesse.

Aude de La Motte

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