Extraits de réactions suite à la publication du rapport de la CIASE

Repartir de l’Evangile

Cette semaine, le rapport demandé par l’Eglise à la commission indépendante sur les abus lui a été remis. Il est grave, et entre dans un écho singulier avec l’évangile du jeune homme riche, entendu ce dimanche. En effet, ce jeune homme se détourne de la voie à laquelle l’invite Jésus, parce qu’il l’aime. Et beaucoup d’hommes d’église se sont aussi détournés de la mission à laquelle les appelait leur vocation, et ont fait du mal à ceux qui sont devenus leurs victimes. Beaucoup de responsables ou de proches se sont aussi détournés des souffrances de ces victimes qui n’ont pas trouvé quelqu’un à qui parler. La souffrance des personnes victimes a parfois été telle qu’elles ne pouvaient même plus dire « Dieu seul est bon ».

Ce que nous pouvons faire de mieux aujourd’hui est sans doute de prendre connaissance de ce rapport, au moins de son résumé, et de plusieurs témoignages qui l’accompagnent, pour mettre la parole des personnes victimes au centre. La nausée nous donne envie de nous détourner ; alors rejetons franchement les causes de tout mal, mais ne détournons jamais notre regard de ceux qui en portent les conséquences.

Père Eric Courtois, curé de la paroisse de Houille-Carrière

Grandir en sainteté

Lorsque notre Église fait face à sa faute, lorsqu’elle regarde en face le mal que ses membres ont fait, elle ne fait rien d’autre que grandir en sainteté. En reconnaissant les victimes et les erreurs, elle s’appauvrit d’elle-même pour faire place à Dieu. Demandons au Seigneur que l’œuvre de vérité et de lumière de ces jours nous fasse tous grandir dans la pauvreté humble qui sait se tourner vers Lui seul.

Père Gaultier de Chaillé, curé de Villepreux – Les Clayes

Trouver l’attitude juste

Face à tant d’horreur je nous invite à 3 attitudes spirituelles :
Le temps de la pénitence : Ne cédons pas à la tentation de vite passer à autre chose, mais tombons à genoux pour prier pour ces innombrables victimes qui ont été blessées par ceux qui auraient dû les protéger et les faire grandir et supplions le Seigneur de purifier son Eglise de ces horribles crimes.(…)
Ne nous coupons pas de la source vivifiante de l’Evangile. Face à tant d’horreurs, la tentation pourrait être de rejeter l’Eglise, mais en agissant ainsi, nous risquons de nous couper de la source vivifiante qu’est l’évangile. Si des horreurs ont pu être commises, c’est au cœur de l’Eglise qu’il nous faut puiser la force nécessaire pour que l’Eglise devienne une maison sûre et un lieu où se vit réellement l’évangile.
Soyons frères et sœurs : (…) Être frères et sœurs les uns des autres (y compris des prêtres) est un soutient et une exigence de vigilance les uns envers les autres pour savoir vivre la correction fraternelle quand cela est nécessaire et ne jamais dire comme Caïn « Suis-je le gardien de mon frère ? » Gn4,9. Oui nous sommes les gardiens les uns des autres pour nous mettre au service d’une mission qui nous dépasse tous : être serviteurs de l’Evangile.

Père Fabrice du Haÿs, curé du groupement paroissial St Jean-Baptiste en Josas

 

L’allégorie du Transat

Un jour, dans un magazine, j’ai lu cette question : « Si vous aviez été sur le Titanic pendant qu’il coulait, auriez-vous réarrangé les transats ?”
Au début, la question m’a paru ridicule, mais tout à coup, j’ai compris : les gens pourraient-ils aujourd’hui réorganiser les chaises longues sur un navire en train de couler ? Bien sûr que non. Or, c’est pourtant parfois ce que l’on fait. C’est donc sans doute qu’on ne discerne pas bien, qu’on ne juge pas bien où nous en sommes. L’Eglise de France est en péril ! Notre monde est à un carrefour historique. Nous sommes confrontés à des problèmes sans précédent qui, s’ils ne sont pas maîtrisés, pourraient faire sombrer la foi, notre environnement,
notre civilisation. Pendant ce temps, comment pourrions-nous donner l’impression d’ignorer ces problèmes ? Pendant ce temps, que faisons-nous ? Sommes-nous vainement occupés à « réarranger les transats » ou, au contraire, conscients du danger qui nous menace, allons-nous maintenant tout faire pour parer les canots ?

A nous frères et sœurs de discerner les chaises longues et les transats de notre vie chrétienne. A nous de discerner comment certains enjeux sont dépassés, compte tenu des circonstances. A nous de comprendre ce que sont maintenant nos canots de sauvetage ! Je crois qu’ils s’appellent unité, fraternité, probité, charité, générosité, ouverture de cœur, ouverture d’esprit, complémentarité, sainteté.

P. Bruno L’Hirondel, curé de Saint-Germain-en-Laye

L’humilité,  chemin de sagesse

« La sagesse est venu jusqu’à moi et je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres. »

Le drame de l’humanité, mais particulièrement des temps modernes et d’aujourd’hui, c’est le sentiment de toute puissance !

Nous voulons être tout puissant face à la mort jusqu’à la contrôler en l’organisant. Nous voulons être tout puissant face à la Création, non pas en la dominant comme un bon intendant mais en l’asservissant. Certains, ayant reçu par grâce un pouvoir de rendre Dieu présent, se sont crus tout puissants en assouvissant leur appétit sexuel sur des êtres plus fragiles qu’eux : la honte retombe sur toute la famille qu’est l’Eglise !

Dans le Corps de l’Eglise lorsqu’un saint s’élève comme Mère Térésa, toute l’Eglise s’élève, lorsqu’un membre s’abaisse à la pédophilie, tout l’Eglise est abaissée. La communion dans l’Eglise est dans la sainteté comme dans le péché. Dieu a vaincu la mort, aussi, pouvons-nous nous relever, ne désespérons de l’Eglise que Dieu nous a donnée ! Prions pour les victimes et avançons à la suite de Jésus qui nous invite sur le chemin de la perfection de l’amour : « si tu veux être parfait » ! La perfection de l’amour est le chemin de la Sagesse : non pas dans la toute-puissance, mais dans l’humilité !

P. Vianney Hême de Lacotte, curé d’Orgeval-Morainvilliers

Unis en tant que Chrétiens

Un beau geste d’amitié et de confiance entre églises chrétiennes, ce message adressé par la communauté protestante de Poissy au P. Matthieu Berger et à la paroisse de Poissy – Villennes – Médan.