La messe des cendres
Convertissez-vous et vivez ! (Ez 18, 32) Le Mercredi des Cendres marque le début du carême, cette période de 40 jours qui nous sépare de la Semaine sainte et de Pâques. Il est caractérisé ; comme le dit son nom, par l’imposition des cendres sur la tête de chaque chrétien.
Ce rite signifie que, durant la période du carême qui s’ouvre, nous avons à nous détourner de nos fautes, à renoncer à nos égoïsmes , à nos petitesses, à nos violences aussi, pour nous tourner vers celui qui nous en guérit et qui s’apprête, pour ce faire, à mourir sur la croix. C’est pour cela aussi que ce jour du mercredi des Cendres est un jour important : c’est le premier pas qui accompagne ceux du Christ vers sa Passion, sa mort et sa résurrection.
L’imposition des cendres : une invitation à se convertir
Pour les chrétiens, l’imposition des cendres est avant tout, un rite pénitentiel. Ce jour là, sont invités à être plus attentifs à la Parole de Dieu, à mieux aimer, à reconnaître leurs fautes et à faire pénitence par des privations.
Les cendres que l’on utilise pour la célébration sont faites en brûlant les rameaux bénis au dimanche des rameaux de l’année précédente. Le feu qui brûle le rameau évoque le feu de l’amour qui doit réduire en cendre tout ce qui est péché.
Après l’homélie, le prêtre bénit les cendres puis impose les cendres sur le front de ceux qui s’approchent en disant “Convertis- toi et crois à l’Évangile” ou bien “Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière“.
Même si les cendres sont imposées sur le front ou la tête (qui est le siège de l’intelligence et de la pensée), c’est aussi le cœur qui est visé. Les paroles que le célébrant prononce, invitent le croyant à se rappeler sa fragilité, à s’interroger sur sa destinée, à se convertir, c’est-à-dire à remettre sa vie en conformité avec l’Évangile. C’est tout l’enjeu du Carême. C’est ce que nous rappelle la première lecture du mercredi des Cendres (Joël 2, 13) : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. ».
La signification des cendres
Ce geste vient de la tradition juive ; il fut repris ensuite dès le début de l’Église. Se couvrir de cendres ou s’asseoir sur la cendre en signe de pénitence est une pratique souvent rapportée dans l’Ancien Testament. A la suite de la prédication de Jonas, le roi de Ninive « s’assoit sur la cendre » (Jonas 3, 6). En 2 Samuel 13, 19, Tamar « prend de la cendre et s’en couvre la tête ».
Quand l’homme se recouvre de cendres, c’est qu’il veut montrer à Dieu qu’il reconnaît ses fautes. Par voie de conséquence, il demande à Dieu le pardon de ses péchés : il fait pénitence. Dans la Bible, La cendre évoque donc la faiblesse de l’homme (cf. Genèse 3, 19 “Souviens-toi que tu es poussière…”), elle évoque aussi le péché et la fragilité de l’homme (cf. Sagesse 15, 10 ; Ézéchiel 28, 18 ; Malachie 3, 21) et son regret du péché (cf. Judith 4, 11-15 ; Ézéchiel 27, 30).
À l’origine de l’Église, seuls ceux qui avaient gravement péché recevaient “le sac et la cendre” pour se vêtir durant le temps de pénitence qui préparait à leur réintégration dans la communauté chrétienne. Puis, à partir du Xe siècle, ce geste s’est étendu à tous les fidèles, marquant ainsi le début d’une démarche de conversion, de retournement et d’effort sur soi pour se tourner vers le Seigneur (c’est le sens du mot pénitence).
La cendre est le fruit du feu qui brûle elle renferme le symbole de la purification, elle constitue un rappel de la condition de notre corps qui, après la mort, se décompose et devient poussière…mais cette cendre est destinée à la résurrection. Ainsi, les cendres nous rappellent que nous ne sommes que poussière mais aussi que, par sa mort et sa résurrection, le Christ nous ouvre les portes de son Royaume. Lui qui a remporté la victoire, nous assiste dans notre combat « contre l’esprit du mal », pour que nous puissions vivre une « vie nouvelle ». Le signe de la mort (les cendres proviennent des rameaux de l’année précédente) devient celui de la vie. C’est pourquoi, en bénissant les cendres, le célébrant dit :
« Seigneur notre Dieu, toi qui ne veux pas la mort du pécheur mais sa conversion, dans ta bonté, exauce notre prière ; bénis les cendres dont nous serons marqués, nous qui venons de la terre et devons retourner à la terre. En nous appliquant à observer le Carême, puissions-nous obtenir le pardon de nos péchés et vivre de la vie nouvelle à l’image de ton Fils ressuscité ».
Un jour de jeûne
Pour les chrétiens, c’est un jour de jeûne et d’abstinence. On entend par jeûne non pas une privation totale de nourriture mais un effort qui aide à se libérer du superflu, de l’inutile.
Aujourd’hui, l’Église invite à jeûner et à s’abstenir de tout ce qui meuble inutilement notre vie (sur le plan de la nourriture ou des distractions, ou des plaisirs de la vie). A chacun de trouver ce à quoi il renoncera, non par mortification desséchante, mais pour retrouver le désir de Dieu et ainsi mieux l’entendre et rencontrer notre prochain.
Il ne s’agit pas de se priver par dolorisme mais de retrouver, enfoui sous trop de confort, le désir Dieu. Dans un monde fatigué, écrasé par les soucis, vivant dans des rythmes de plus en plus accélérés, en ce jour pas comme les autres, nous sommes invités à retrouver ensemble le goût de Dieu, la joie de le servir, la fraîcheur de notre amour !
En entrant dans le Carême, c’est tout autant au repentir et à la pénitence que nous sommes conviés, qu’à la joie et la confiance, comme le signifie l’antienne d’ouverture de la messe : « Seigneur, tu aimes tout ce qui existe et tu n’as de répulsion pour aucune de tes œuvres ; tu fermes les yeux sur les péchés des hommes, tu les invites à la pénitence et tu leur pardonnes car tu es le Seigneur notre Dieu » (Sg 11,24-27).
Recevoir les cendres, c’est prendre conscience que le feu de l’amour de Dieu consume nos péchés : consumés par la miséricorde de Dieu, ils sont de peu de poids. Regarder ces cendres, c’est confirmer notre foi pascale : nous serons cendres, mais destinés à la résurrection.
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