Vie en prison : témoignages
Série de témoignages sur la vie carcérale, du point de vue d’un aumônier, d’un détenu, et d’un ancien détenu.
Paroles d’aumôniers de prison
Durant ces six années j’ai rencontré…
- des hommes blessés, meurtris, humiliés, désespérés
- des hommes de prière : les uns lisant chaque jour la bible d’autres avec lesquels j’ai prié à leur initiative ou à la mienne
- des hommes solidaires, généreux, partageant avec d’autres ce qu’ils ont cantiné
- des hommes soucieux de leurs frères : “Passez voir untel, il ne va pas bien”
- des hommes cherchant appui dans les prières de leur enfance et avec qui j’ai chanté en cellule des cantiques de leur pays, de leur passé
- des hommes en larmes car séparés de leur femme, de leurs enfants de leur compagne, de leur mère
- des hommes inquiets pour leur famille, pour leurs proches
- des hommes révoltés, aigris par l’injustice
- des hommes assumant leur acte et leur peine
- des hommes courageux, regardant l’avenir avec lucidité
- des hommes qui se sont redressés
- des hommes qui ont tissé des liens d’amitié, d’entraide.
Paroles de détenus
“ Il est important que le regard de ceux qui sont dehors, libres, change. Si nous voulons qu’il change, alors, donnons-leur une autre image que celle que les informations, la presse, les médias leur fournissent”.
” Nous ne sommes pas que des malfaiteurs, mais d’abord des hommes : sensibles aux injustices, à la misère, aux citoyens en détresse. La prison ne nous a pas coupé notre cœur. Il faut réfléchir à d’autres services, à d’autres messages que nous pourrions envoyer à l’extérieur, vers ceux qui souffrent et à qui nous pensons, car nous restons leurs frères”.
Témoignage de Pascal
“Incarcéré pendant 32 mois à la Maison d’Arrêt des Yvelines à Bois d’Arcy, j’ai été libéré en octobre 2013.
Loin de subir passivement ma détention, j’ai notamment mis ce temps à profit pour réfléchir à ce que je voulais et surtout ce que je ne voulais plus au dehors.
Ce travail d’introspection, sans complaisance, m’a naturellement conduit à un retour vers Dieu, facilité en cela par la bienveillance permanente de l’Aumônerie catholique au sein de la prison : se poser les bonnes questions, revenir à l’essentiel.
Néanmoins et au fur et à mesure que se profilait ma libération, l’angoisse de me retrouver seul, livré à moi-même, sans logement ni emploi à la sortie, avec tout à reconstruire, se faisait de plus en plus angoissante.
L’accompagnement fraternel par quatre couples de la paroisse de Montigny-le Bretonneux-Voisins dont j’ai bénéficié à ma sortie au travers du dispositif Onésime m’a permis de combler ce vide affectif, d’une part et de me cadrer dans ma réintégration en milieu ouvert, d’autre part.
Avec le temps et les épreuves traversées, une véritable amitié s’est liée. Ayant déménagé depuis, ma nouvelle paroisse (Triel-sur-Seine) a emboité le pas et deux nouvelles familles se disent prêtes à partager aussi ma vie !”
Que toutes et tous et le Seigneur qui les a inspirés en soient remerciés.