Le “Oui” de Marie
Le 25 mars, ou quelques jours après si cette date tombe au cours de la Semaine Sainte, L’Église fête l’Annonciation, cet événement de l’histoire où par le oui de Marie, le Fils de Dieu s’est fait homme pour le salut du monde. La prière de l’Angélus nous l’actualise.
L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie et elle conçut du Saint-Esprit
L’annonce est progressive. La première parole de l’Ange invite Marie à se réjouir. Son message est la bonne nouvelle qui va la combler de grâce : le Seigneur est avec elle. L’Évangile rapporte le trouble profondément humain de Marie, mais l’Ange la rassure : « Sois sans crainte ». Ce sont les paroles de toutes les vocations de l’Ancien et du Nouveau Testament. Chrétiens d’aujourd’hui, c’est aussi notre chemin : étonnement, stupeur même, mais ensuite acquiescement : « oui ». Foi et confiance en Dieu prennent le relais.
Voici la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole
Préparée par Dieu, Marie l’immaculée, se donne entièrement à sa volonté. Elle s’est renseignée : « comment cela va-t-il se faire ? », puis son oui, sans réserve la met tout de suite en chemin. Elle va s’élancer, elle va « « partir en hâte » annoncer la Bonne Nouvelle. L’Enfant est dans son sein, dans sa « chair » .
Et le Verbe s’est fait chair…
Lorsque nous confessons, à la suite de Saint Jean, que Jésus-Christ a pris chair de la Vierge-Marie, nous reconnaissons que le Fils de Dieu a pris entièrement la condition d’homme, excepté le péché.
Dans le vocabulaire de l’Ancien Testament, la chair c’est celle qui recouvre les os (Ez. 37, 6). Le mot désigne aussi tout être vivant créé « toute chair ayant souffle de vie » (Gn. 6, 17). La chair de l’homme, c’est aussi, sa vie, sa sensibilité, son amour. Adam découvrant Eve : s’écrie « Celle-ci est vraiment la chair de ma chair » (Gn. 2, 23). Dieu dit : « J”ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez. 36, 26). Proclamer que Jésus-Christ a pris chair et s’est fait homme, c’est reconnaître qu’il a pris entièrement la condition de l’homme créé, mortel.
Le Concile Vatican II a retenu cette formule :
« Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché. » (GS, 22)
Pleinement homme et pleinement Dieu, Le Fils de Dieu « avec une chair semblable à celle du péché et en vue du péché, a condamné le péché dans la chair » (Rm. 8, 3).
Dans l’Eucharistie, il s’offre pour notre salut : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn. 6, 54)
…et il a habité parmi nous (Jn. 1, 14)
Littéralement « et il a planté sa tente parmi nous », ce qui évoque la tente de la rencontre, la demeure de Dieu dans l’Ancien Testament. Après l’Incarnation, la demeure de Dieu n’est plus à chercher dans un lieu, mais en nous-mêmes, ce qui permet à Saint Paul d’affirmer : « ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. » (Ga. 2, 20). Saint Augustin s’exclame : « tu étais plus intime que l’intime de moi-même… » (Confessions, III, 6, 11).
Seule la foi nous permet d’appréhender dans l’Annonciation, le Mystère de l’Incarnation, mystère qui se perpétue auprès de nos frères, d’annonce en annonce : Jésus Sauveur du Monde que nous allons célébrer à Pâques.