Notre-Dame de Lourdes
Le 11 février, jour anniversaire de la première apparition de la Vierge Marie à la petite Bernadette, l’Église célèbre Notre-Dame de Lourdes.
Humilité
La Vierge Marie choisit de se manifester à la petite Bernadette, pauvre parmi les pauvres. Elle la rencontre en un lieu perdu, à peine une excavation dans le rocher. Cette jeune fille, peu instruite, réduite à la misère par la maladie et les accidents de la vie est comme ces petits, ces enfants que Jésus veut laisser venir à lui (Cf. Mt. 19, 14). Elle est comme ces pauvres en esprit, à qui appartient le Royaume de Dieu (Cf. Mt. 5, 3). La Vierge Marie la rejoint à la grotte, cet endroit méprisé. Elle aussi a connu le rejet et le mépris qui l’ont conduite à la crèche, ce lieu misérable où est né celui qui a voulu se faire tout petit, celui qui s’est abaissé, « prenant la condition d’esclave et se rendant semblable aux hommes » (Ph. 2, 7). Ce n’est qu’en nous reconnaissant petits que nous pouvons nous rapprocher de Dieu par la prière et la pénitence.
« Pénitence, pénitence, priez pour les pécheurs »
Prière et pénitence : ces mots reviennent souvent ensemble dans les messages des apparitions mariales. A l’approche du carême, ceci évoque les actes de pénitence que nous pouvons accomplir, comme les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les privations volontaires telles que le jeune et l’aumône, le partage fraternel (1). Cette pénitence extérieure est un chemin vers la pénitence des cœurs, à laquelle appelait le prophète Joël : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » (Jl. 2, 13). Revenir au Seigneur, c’est changer de route, quitter la route du péché pour prendre celle de Dieu. C’est se convertir.
Nous ne pouvons cependant pas y parvenir seuls et c’est là qu’intervient la prière. Prier pour les pécheurs, c’est d’abord prier pour nous
Priez pour nous pauvres pécheurs
La petite Bernadette était fidèle à la prière du chapelet qui invoque l’intercession de la Vierge Marie auprès de son Fils Jésus.
« Venez boire à la source et vous y laver »
A la demande de la Vierge Marie, Bernadette creuse la terre pour trouver cette eau qui, de boueuse devient une source jaillissante de grâces. Humilité et obéissance de la jeune fille, exemple pour nous tous.
« Je suis l’Immaculée Conception »
Le 25 mars, jour de la fête l’Annonciation, la « belle dame de Lourdes » dit qu’elle est « l’Immaculée Conception », celle-là même que l’Ange Gabriel a salué comme « pleine de grâce » (Lc. 1, 28). Préservée du péché et même de l’inclination au mal qui entrave tout le reste de l’humanité, elle est la mieux placée pour nous conduire vers Dieu. Première disciple de Jésus, elle s’en remet entièrement à lui. Aux noces de Cana, elle dit aux serviteurs « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn. 2, 5). Première en chemin, elle nous invite à la suivre.
« Allez dire aux prêtres qu’on vienne en procession »
Chemin de pénitence, chemin de prière, chemin de foi, la route de Lourdes est à l’image du pèlerinage de l’homme sur terre. Autrefois, Abram, fut mis en route par la foi que la Parole de Dieu avait fait naître en lui. Le pèlerin d’aujourd’hui est mû par la même force. Mais sa terre promise est éclairée par la Vierge Marie nous conduisant vers le Christ. La route pour s’y rendre est désormais balisée par Celui qui a dit « Je suis le chemin ». Prendre le chemin du Christ, c’est cultiver d’une part le don de la foi dans un chemin de conversion personnelle jour après jour et d’autre part, avancer avec, dans et par l’Église, en passant par la prière communautaire et par les sacrements.
Partir, changer de lieu à l’appel du Seigneur, est une constante biblique dont l’Exode est une image centrale, évocatrice d’adhésion à l’Alliance et de purification. Jésus était fidèle aux montées à Jérusalem à l’occasion des fêtes rituelles. Mais aujourd’hui, la perspective n’est plus Jérusalem, mais le Christ lui-même qui nous ouvre le chemin et qui s’est fait lui-même chemin pour nous conduire vers le Père. C’est en Lui qu’il nous faut marcher, nous dit St. Paul (Cf. Col. 2, 6).
Avec Lui, Tête de l’Église, c’est en Église que nous pouvons avancer, aidés par Marie, « la première en chemin ». Et c’est bien ce que nous sommes invités à vivre à Lourdes : nous allons à la rencontre du Christ, avec et par Marie.
Illustration : le tympan de la basilique Notre-Dame du Rosaire, à Lourdes
La sculpture centrale évoque le don du Rosaire à St. Dominique. Marie regarde le saint et lui remet le rosaire, comme une injonction à la prière incessante et une invitation à « croître comme la rose plantée au bord d’un cours d’eau » (Si. 39, 13). Mais le geste passe par Jésus que Marie nous montre.
Les inscriptions latérales complètent le message. A gauche, est évoqué la parole de foi de Marie lors des noces de Cana : « quoiqu’il vous dise, faites le ». Là où elle est placée, cette invitation concerne tous les pèlerins qui franchissent cette porte, pour qu’ils croient au Christ et agissent selon sa Parole. A droite, « Faites ceci en mémoire de moi » évoque le sacrement de l’Eucharistie.
La porte de Lourdes, nous enseigne à nous joindre à Marie pour marcher vers le Christ et renouveler notre foi par la prière, l’écoute de la Parole de Dieu et les sacrements.
(1) Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1 438.
Philippe de Pompignan