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“De la théologie à la mission” Souvenirs du voyage d’études de la FAR


Un chemin de pèlerinage jubilaire, de beaux moments de rencontres, un temps privilégié de grâce pour l’héritage architectural et intellectuel, tels furent ces quelques jours qui ont réuni à Rome une quarantaine d’anciennes et d’anciens partenaires (directs ou indirects) de la « FAR» du 25 février au 1er mars 2025.

Notre itinéraire, théologique et missionnaire, avait été construit comme une traversée des deux millénaires de christianisme, que Rome permet de parcourir en quelques heures de promenades,  de visites et de recueillement : des « premiers théologiens », Pères de l’Eglise et pasteurs attentionnés de leurs communautés, aux Pères conciliaires de Vatican II appelant l’Eglise à s’ouvrir au monde, et à tous les représentants de la chrétienté réunis pour le synode sur la synodalité 2021-2024, en passant par les grands ordres du renouveau médiéval (franciscains et dominicains) ou de la renaissance (jésuites, et carmes), nous avons croisé toute l’histoire de l’Eglise. Nous nous sommes autant émerveillés devant ses « vieilles pierres » qui célèbrent, parfois avec beaucoup d’ors et de fastes, son passé, que devant ses « pierres vivantes », cette grande communion des saints qui nous a précédés, ce cher Pape François luttant contre la maladie, et tous nos bienveillants interlocuteurs, aussi érudits que pédagogues, dont nous avons fait la connaissance au fil des jours. Ajoutons à tous ces grands témoins, tous les pèlerins anonymes croisés devant les portes saintes des basiliques majeures de la ville, et spécialement une communauté fervente de Lituanie, qui participait avec ses évêques à une messe à Saint Jean du Latran, nous rappelant à la douloureuse actualité en Europe.

Il serait présomptueux de résumer en quelques lignes les grands thèmes de nos rencontres et surtout ce que chacun en conserve précieusement au retour. En voici cependant quelques pistes :

L’appel du Christ : « Viens et suis-moi ! »

Pierre, Paul, Barthélemy, Clément, Dominique, François, Ignace, Thérèse d’Avila, tous ces prédécesseurs dans notre foi, dont nous avons visité les églises, lieux de mémoire et de prière, ont témoigné de leur rencontre personnelle avec Jésus, venu vers eux « comme un ami », pour nous faire participer à la grande danse d’amour de la Trinité divine.

Comme Matthieu, dans le tableau du Caravage de Saint Louis des Français, si nous comprenons cela, il est temps alors de nous lever pour répondre : « Me voici Seigneur,  parle car ton serviteur écoute  ».

L’art du dialogue et de la rencontre

À travers tous les témoignages, en particulier celui de Sœur Nathalie Becquart et du Père Paul Béré, nous avons été initiés à cet art subtil, exigeant, mais combien fructueux de l’écoute fraternelle et dialogale dont l’Eglise de notre temps souhaite faire son mode de vie et d’agir  : Citons par exemple, la « conversation dans l’Esprit » mise en œuvre autour des tables du synodes ;  le concept d’« auralité », un néologisme développé par Paul Béré qui le résume d’une magnifique façon : « Quand j’écoute quelqu’un, je ne veux pas simplement entendre des mots, mais ‘recevoir la personne qui me parle  ». Vrai non seulement dans nos relations humaines, mais encore plus dans celle avec le Seigneur et sa Parole…

Témoigner de l’espérance :  « Faire le choix en confiance de l’éternité… »

Cette définition, nous la devons à Timothée, un séminariste de notre diocèse étudiant à Rome, qui a eu la gentillesse de nous servir de guide pour visiter l’église Saint Barthélemy dans l’île du Trastevere. Ce lieu de prière, actuellement sous la responsabilité de la Communauté Sant’ Egidio, héberge le très émouvant Mémorial des « Nouveaux Martyrs » des XXème et XXIème siècles. Ce fut l’occasion de relire le testament du Père Christian de Chergé, prophète de la rencontre avec le monde musulman si difficile et qui fait tant question dans notre monde chrétien [1].

Enfin, pour résumer l’exhortation de l’apôtre Pierre « Soyez toujours prêts à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance que est en vous », quoi de plus approprié que de rappeler ce cri de Dietrich Bonhoeffer, lui aussi mort martyr en 1945, envoyé à ses proches du fond de sa prison de Flossenburg :  «  La victoire est certaine !  »

De retour dans nos paroisses, dans nos missions, dans nos études, il nous reste d’abord la gratitude vis-à-vis de tous ceux qui ont organisé ce voyage, la grâce d’avoir vécu ensemble cette expérience dans un groupe joyeux et fraternel, la confiance et la force que nous ont donné cette rencontre pour aller toujours plus loin dans notre foi, notre espérance et l’amour de nos frères.

PA

[1] « Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf, ou d’idéaliste (…) Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui ses enfants de l’islam tels qu’Il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le don de l’Esprit dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences  ».