La liturgie, boussole de la foi – Extrait de la lettre pastorale de Mgr Luc Crepy
Notre évêque a rédigé une lettre pastorale aux catholiques des Yvelines pour se préparer à entrer dans l’Année Sainte jubilaire qui s’ouvre le 29 décembre 2024. Dans cet extrait, il nous invite à réfléchir sur la place de la messe et des sacrements dans notre vie de prière.
Témoins d’espérance, il faut également nous laisser guider par la grande boussole de la foi qu’est la liturgie. Au cœur de la vie paroissiale, les baptisés rassemblés portent dans leurs prières les espoirs des hommes et des femmes de ce temps. Dans la célébration des sacrements, ils annoncent l’espérance acquise pour tous par le Christ ressuscité. Aussi, le baptême et l’eucharistie manifestent de manière très explicite le salut que nous confessons dans la foi et l’espérance et que nous annonçons à tous dans la charité.
Le baptême
Le baptême – commencement de tout (C. Péguy) – est le sacrement qui nous plonge définitivement dans la vie nouvelle et divine acquise par la mort et la Résurrection du Christ. C’est l’ultime naissance… c’est l’espérance « brute de décoffrage » si l’on se permet cette expression claire mais fort peu théologique. Dit autrement : « Dans le Baptême, ensevelis avec le Christ, nous recevons en Lui, ressuscité, le don d’une vie nouvelle qui brise le mur de la mort et en fait un passage vers l’éternité. Et si devant la mort, séparation douloureuse qui nous oblige à quitter nos affections les plus chères, aucune rhétorique n’est permise, le Jubilé nous offrira l’occasion de redécouvrir, avec immense gratitude, le don de cette vie nouvelle reçue dans le Baptême, capable de transfigurer le drame de la mort. ¹ » Baptisés, quelle est notre espérance ? Redécouvrir la dimension baptismale de notre vie chrétienne, c’est redécouvrir le don de Dieu et l’avenir du Royaume instauré par le Christ ressuscité. Telle est l’espérance que nous annonçons aux parents pour leurs enfants – et pour eux-mêmes –, et aux catéchumènes, jeunes et adultes, qui viennent demander le baptême.
L’eucharistie
La communauté qui célèbre la Cène est une communauté en attente – « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20) – cherchant la communion avec le Seigneur qui vient. Dans la célébration du sacrifice et du mémorial de la mort et de la Résurrection du Seigneur, nous annonçons le Christ vivant et nous attendons sa venue définitive : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » (1 Co 11, 26) L’eucharistie nourrit et affermit notre espérance comme « pain de la résurrection », selon la promesse de Jésus, lui-même, le « Pain de vie ² », « lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux. » (Ph 3, 21) Nous entrons également plus profondément dans le mystère de l’Église où « nous ne formons qu’un corps car tous nous avons part à un pain unique. » (1 Co 10, 17) L’eucharistie est le sacrement de l’espérance ecclésiale : l’Église, Corps du Christ, se construit de jour en jour dans la confiance en son Seigneur qui ne l’abandonne pas, même au cœur des tempêtes (cf. Mt 8, 23-36).
N’oublions pas que le temps du Jubilé est un temps pour Dieu, en laissant un peu de jachère dans notre vie, pour y voir le travail de l’Esprit. Vivons ainsi le dimanche ! « La redécouverte de ce jour est la grâce à implorer, non seulement pour vivre pleinement les exigences propres de la foi, mais aussi pour donner une réponse concrète aux aspirations les plus vraies de tout être humain. Le temps donné au Christ n’est jamais un temps perdu, mais plutôt un temps gagné pour l’humanisation profonde de nos relations et de notre vie. ³ »
1. Pape François, Bulle d’indiction, § 20.
2. Jn 6, 50-51 : « Le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
3. Saint Jean-Paul II, Lettre apostolique sur la sanctification du dimanche Dies Domini, 1998, §7.