Espérance et charité – Extrait de la lettre pastorale de Mgr Luc Crepy
Notre évêque a rédigé une lettre pastorale aux catholiques des Yvelines pour se préparer à entrer dans l’Année Sainte jubilaire qui s’ouvre le 29 décembre 2024. Dans cet extrait, il nous invite à voir comment espérance et charité peuvent se développer dans les lieux de solitude, de souffrance et de précarités de toute sorte de notre diocèse.
L’espérance met en marche la charité ! C’est elle, comme écrit Charles Péguy, qui tire en avant sa grande sœur, la charité ¹ ! Poser un regard d’espérance sur l’autre, ne va pas sans lui tendre la main, même s’il a perdu espoir. Si Dieu n’a pas désespéré de l’humanité et lui a ouvert un avenir et la vie, alors oser espérer en l’autre, ou pour l’autre, demande un regard qui ne juge pas définitivement, qui ne cherche pas à tout expliquer, qui sait bien qu’il ne faut jamais réduire l’autre à ses actes parce que demeure toujours en lui la dignité d’un être créé et aimé de Dieu. « L’homme a pour Dieu une valeur si grande que Lui-même s’est fait homme pour pouvoir compatir avec l’homme de manière très réelle, dans la chair et le sang, comme cela nous est montré dans le récit de la Passion de Jésus. De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu’un qui partage la souffrance et la patience ; de là se répand dans toute souffrance la consolation de l’amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance…² »
Si la charité – l’amour – « espère tout » (1 Co 13, 7), alors il devient possible pour les disciples du Christ, avec d’autres, d’être présents dans les lieux de solitude et de souffrance, d’être capables d’aller à la rencontre des personnes vivant des précarités de tous ordres, d’être à l’écoute de ceux et celles qui se voient abandonnés et en marge de la société, d’être proches de ceux qui sont loin de leurs pays, d’être un soutien pour ceux qui réclament justice quand ils ont été abusés ou malmenés… Nombreux sont les baptisés engagés dans les Yvelines en ces lieux, apportant simplement, avec ce qu’ils sont et ce qu’ils ont, un peu de réconfort et d’espérance. Ainsi une famille logée dans un hôtel social reçoit aide alimentaire et amitié ; ainsi un détenu sort de sa solitude dans la rencontre d’un visiteur ; ainsi une personne malade reçoit le sacrement des malades et une parole d’espérance ; ainsi ce sans-domicile-fixe trouve le réconfort au cours d’une maraude… Ainsi, dans notre diocèse, le Jubilé de l’espérance peut se déployer en apportant une flamme nouvelle pour mieux conjuguer charité et mission, espérance et solidarité, accueil de tous et soin de chacun. Bien des instances caritatives dans les Yvelines travaillent à cela et, sans les énumérer – ce serait trop long… et c’est une bonne chose ! –, elles peuvent susciter de nouveaux engagements chez les jeunes comme chez les moins jeunes afin que notre Jubilé soit celui de l’espérance et de la charité.
Des témoins et des communautés d’espérance
Il est bon que l’animation du Jubilé soit portée par une équipe nombreuse et dynamique dans notre diocèse. Il est important aussi que localement chaque paroisse puisse entrer dans cette démarche spirituelle : comment le Jubilé pourra-t-il être vécu comme une belle expérience communautaire ? Témoigner de l’espérance n’est pas une affaire personnelle et ne peut se vivre sans les autres, loin de la communauté. Voici un beau projet de travail pour les Équipes d’Animation Paroissiale et les Conseils Pastoraux ! Partager la même espérance, c’est vivre ensemble la dynamique synodale qui anime l’Église : le Jubilé est bien l’affaire de tous. Comme le remarque Emmanuel Durand, méditant les psaumes : « Alors que le psalmiste s’adresse à Dieu à la première personne, il pose finalement Israël et non son propre « je » comme le sujet ultime de l’attente. Espérer ne se réduit jamais à un acte simplement individuel. Nous appartenons à des communautés d’espérance et il revient par vocation d’espérer pour d’autres, voire pour nous.³ »