Tou Bishevat : Fête juive du nouvel an des arbres
De même que mes pères ont planté pour moi, je planterai pour mes enfants…
BAROUKH ATA ADO-NAÏ ÉLO-ÉNOU MÉLEKH AOLAM BORÉ PÉRI AÉTS : «Loué sois-Tu Eternel, notre D. Roi de l’univers qui crée le fruit de l’arbre.»
Tou Bishevat (en hébreu : חֲמִשָּׁה עָשָׂר בִּשְׁבָט Hamicha assar Bishvat « Quinze de shevat ») n’est pas seulement la fête des arbres, jour marquant le début d’une « nouvelle année » pour les arbres. (C’est en effet à cette époque de l’année que les arbres les plus précoces de la terre d’Israël émergent de leur sommeil hivernal et entament un nouveau cycle de floraison). Cette fête marque aussi pour les Juifs leur attachement à la terre d’Israël.
C’est une fête mineure, célébrée le 15 Shevat, date fixée par Hillel au tournant de l’ère chrétienne pour le calcul de la dîme sur les fruits, et une fête joyeuse ! Ce n’est pas une fête d’origine biblique. La date s’inscrit dans le cycle de la nature chaque année recommencé ; elle correspond au moment où l’essentiel de la pluie annuelle est tombée en Eretz Israël et où la sève monte à nouveau dans les arbres pour les préparer à reverdir. Aucune liturgie particulière ne marque cette journée, aucune prière pénitentielle n’est dite ce jour-là et le jeûne est interdit.
Les kabbalistes de Safed introduisent au XVIe siècle une signification pleine de richesse dans cette fête en s’appuyant sur un verset de la Tora : « L’arbre du champ, c’est l’homme même » (Dt. 20, 19). Pour eux, manger des fruits revenait à expier le péché originel et les arbres évoquaient l’Arbre de Vie apportant la bénédiction divine sur le monde.
Sous l’influence des Kabbalistes, Tou Bishevat est devenu une fête non chômée mais dont la célébration s’est perpétuée jusqu’à nos jours, y compris dans la Diaspora. Un rituel s’est institué peu à peu : dans la nuit du 15 shevat, on se réunit dans les synagogues et les yeshivot pour lire des passages de la Tora, du Talmud et du Zohar contenant des références à la vie agricole en Eretz Israël, réciter des psaumes et poèmes de circonstance et déguster de nombreux fruits après la proclamation solennelle des bénédictions correspondantes. En effet, sur les sept espèces énumérées par Moïse pour illustrer la fertilité de la terre d’Israël, cinq sont produites par des arbres : le raisin, la figue, la grenade, l’olive huileuse et la datte. Il est également d’usage de boire quatre verres de vin, blanc et rosé, que l’on mélange selon un ordre quasi-liturgique ordonné sur le modèle du Seder de Pessah : cette coutume traduit l’émerveillement au spectacle du réveil de la nature, lorsqu’en Eretz Israël les amandiers en fleurs sous le ciel d’azur éclairé passent du blanc au rose !
La fidélité des juifs de Diaspora à célébrer Tou Bishevat et à manger des fruits frais et secs dans une Europe au plein cœur de l’hiver manifeste leur attachement à la terre d’Israël et témoigne de leur espérance. De nos jours, la fête est célébrée en Israël par des chants et des danses car elle symbolise le rachat de la terre et la conquête sur le désert. Les cercles écologiques la mettent l’honneur et les écoliers sont souvent emmenés à la campagne pour y planter de jeunes arbres.