Pour l’Epiphanie : Une Messe des Peuples festive et recueillie à la cathédrale de Versailles

“Noël, c’est la naissance discrète de Jésus. L’Epiphanie, ce sont toutes les nations, qui à travers la présence des mages, reconnaissent en l’enfant de la crèche la lumière qui éclaire le monde, qui brille pour toute l’humanité” a rappelé notre évêque dans l’introduction de son homélie. Cet après-midi d’Epiphanie a donc été organisé comme un grand temps de communion mettant en valeur la diversité et les apports de chaque culture au dynamisme de notre Eglise diocésaine et à la beauté de ses liturgies. Ainsi la chorale était-elle composée de musiciens d’une dizaine de paroisses qui ont appris pour l’occasion des chants en plusieurs langues.

Photos © Olivier Guillot – cliquer pour agrandir

Trois témoignages

Père Isidore Zongo

Originaire du diocèse de Ouagadougou au Burkina Faso où il était prêtre depuis 25 ans, le P. Isidore a été envoyé par son évêque dans notre diocèse comme prêtre Fidei Donum. Arrivé depuis 2019 sur le sol français, le P. Isidore a été nommé par notre évêque curé du groupement paroissial de Gazeran.

“Oui comme Abraham, à tout quitter dans la foi et l’espérance à la cherche de l’essentiel, Dieu et le prochain : on trouve la vie. La vie dans la découverte des autres et de la culture de mon pays de mission ; la vie dans la joie au service des frères et sœurs, de toute couleur et toute condition sociale ; la vie dans la fraternité sacerdotale avec d’autres prêtres.
Et quel est le secret d’une telle vie épanouissante ?  C’est quand je me suis décidé à quitter mes préjugés, mes jugements, mes peurs pour adopter et aimer ma terre étrangère. C’est surtout quand je me suis décidé à ne pas ramer à contre-courant de la vie d’un milieu qui m’était étrange et étranger. (…)  Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix ! Seigneur, fais de nous des bâtisseurs d’amour sur la terre étrangère où tu nous rassembles, différents, mais où tu nous veux unis pour chanter ta gloire !”

Sœur Germaine Dara

Originaire du Mali, Fille du Cœur Immaculé de Marie (F C I M), une congrégation apostolique du Mali, fondée par un missionnaire d’Afrique (Pères Blancs). Depuis décembre 2020, Sr Germaine est en France, dans une petite communauté avec 2 autres sœurs de sa congrégation au sein de la paroisse Saint-Georges de Trappes. Soeur Germaine témoigne de sa joie d’être partie, d’avoir changé de vie : “Partir c’est mourir à soi-même, à ses conforts, c’est s’enraciner dans une autre terre (…) Partit renferme une transmission, un échange de richesse. Pour qu’il y ait rencontre la personne doit faire un peu de place en soi pour accueillir l’autre dans sa vie et son environnement. (…) On ne peut pas adorer Jésus petit enfant et retourner en arrière chez Hérode avec nos jugements, nos rejets, nos indifférences ; l’adoration du Dieu fait chair en Jésus nous fait prendre un autre chemin. (..) Laissons le sourire de l’Emmanuel nous faire prendre un autre chemin d’unité, d’humanité.”

Grégoire et Sibyl Langhade

Grégoire et Sibyl sont partis jeune couple pour une mission de 2 ans à Madagascar. Aujourd’hui, paroissiens de Chatou, parents de 6 enfants, ils témoignent, comment 20 après, cette expérience porte encore du fruit. “Là-bas, nous n’avions plus de repères, il a fallu observer (…) 20 ans après cette expérience nous aide encore à accueillir l’imprévu et à nous appuyer sur le Seigneur” explique Sybil.  “Nous y avons fait l’expérience de l’Eglise universelle. Nous avons été marqués par un accueil simple et fraternel, le fait de prier à la messe ensemble permettait de dépasser les différences car c’est le Christ qui nous unit. Cela nous a donné le goût de la rencontre notamment avec les nouveaux paroissiens issus d’une autre culture.” ajoute Grégoire.

Tous appelés à se mettre en route, l’homélie de Mgr Crepy

“L’Epiphanie manifeste que tous les peuples sont appelés à se mettre en route pour rencontrer le Christ. De quelque endroit que l’on vienne, de quelque nationalité que l’on soit, chacun peut s’avancer, à son pas et à sa manière, vers l’enfant Jésus et reconnaître en lui le Fils de Dieu. Tous, qui que nous soyons, nous sommes attendus à la crèche pour adorer le Fils de Dieu, fait homme. Peut-être ne voyons-nous pas d’étoile dans le ciel, mais Dieu met une petite lumière dans le cœur de chacun et l’invite à aller chercher une plus grande lumière, une lumière qui peut éclairer toute sa vie, une lumière qui brille pour tous.
(…) Comme le dit saint Paul, la grâce de Dieu donnée en Jésus Christ, révèle ce grand mystère « que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » (Ep 3, 6) L’amour de Dieu rejoint toute personne si elle l’accueille. En Jésus le Christ, Dieu se fait connaître à tous.
(…) Charles de Foucauld aimait appeler Jésus : « notre bien-aimé frère et seigneur Jésus-Christ ». En contemplant Jésus qui ouvre une fraternité universelle, il aimait à son tour se dire « le frère universel ». C’est au cœur de cette fraternité universelle que peu s’écrire le chemin de la paix, cette paix à laquelle le monde et nous-mêmes aspirons tant.

Lire l’homélie de Mgr Luc Crepy

 

Prier spécialement pour la paix dans le monde

Mgr Crepy a terminé son homélie par cet encouragement  : “En cette belle messe des peuples, où nous venons d’horizons différents et où nous pouvons prier le Seigneur en de nombreuses langues, devenons un peu plus ces frères et sœurs universels, porteurs de paix et priant sans cesse Dieu d’envoyer l’Esprit de paix dans les cœurs de tous, et plus particulièrement dans le cœur de ceux qui dirigent les peuples.”

Pendant la prière eucharistique, un temps de silence a été marqué pour les personnes disparues en Méditerranée.

A la fin de la messe, des extraits d’une prière du pape François (octobre 2023) ont été lus :

Marie, Notre-Dame de la Paix,
Tu souffres avec nous et pour nous, en voyant tant de tes enfants éprouvés par les conflits, angoissés par les guerres qui déchirent le monde.
Tourne ton regard miséricordieux vers la famille humaine qui a perdu le chemin de la paix.
Nous nous plongeons dans ton regard lumineux et nous nous en remettons à ton coeur, attentifs à nos difficultés.
Aide-nous à préserver l’unité de l’Eglise et à être des artisans de communion dans le monde.
Fais que nous nous sentions responsables de la paix, appelés à prier, à adorer et à prendre soin des autres, toi qui révèles la tendresse du Seigneur.

Un message du Pape pour les quartiers populaires

Les quatre jeunes de Trappes ayant rencontré le Pape début janvier étaient présents et ont remis une copie de son message à chaque participant sur le parvis. Ces mots du Pape, comme un encouragement et un envoi en mission, pourront rejoindre tous les paroissiens de cités et quartiers populaires de France : “Chers amis, je vous invite à vivre généreusement la fraternité au cœur des quartiers, à une ouverture du cœur, des mains, des oreilles pour un accueil authentique. La fraternité est le ferment de paix que réclament les banlieues : elle permet à chacun de se sentir accueilli tel qu’il est, là où il en est.”

Lire le message du Pape

Ils étaient 12 jeunes lycéens et étudiants de La Fraternité missionnaire des Cités et les pasteurs des 4 paroisses concernées Bondy, La Courneuve, Sarcelles et Trappes a rencontrer le Pape en audience privée lors d’un pèlerinage à Rome.  Cette fraternité a été lancée mi-mars 2022 par une équipe de bénévoles et le père Patrice Gaudin, curé de Bondy-Nord (Seine-Saint-Denis). Son objectif premier : soutenir les prêtres envoyés en quartiers populaires en leur permettant d’échanger et de partager de bonnes pratiques au service de la mission. Des premières rencontres fraternelles de réflexion pastorale se sont déjà vécues à Paris, Bondy et Sarcelles. Suite aux émeutes de l’été 2023, la Fraternité missionnaire des Cités a proposé au Pape cette rencontre avec 12 jeunes chrétiens de nos quartiers. Voir l’article de VaticanNews sur cette rencontre

Un parvis festif

Malgré le froid mordant, un verre de l’amitié avec ce que les uns et les autres avaient apporté de leurs différentes traditions a gardé une centaine de personnes sur le parvis au rythme des chants de louange.

Valentine Faure