La journée du presbyterium vue de l’intérieur
Mardi 21 novembre, les prêtres du diocèse étaient invités à se retrouver autour des vicaires généraux et de notre évêque. Le P. Emmanuel Gougaud revient sur le “in” et “off” de cette journée qui a lieu deux fois par an.
Le “in” et le “off” ?
La journée du presbyterium, ensemble des prêtres d’un diocèse, m’a toujours fait penser aux festivals d’été dans le Sud de la France. Il y a le festival “in” avec les spectacles officiellement programmés par les organisateurs. Tout aussi important et couru, le festival “off” offre des évènements non officiels, imprévus, un peu décalés. Le premier rend possible le second. Nos rencontres des prêtres du diocèse sont à la fois le “in” et le “off”.
Le conseil presbytéral et l’évêque ont choisi un thème général à cette journée. Ils ont contacté des intervenants. Ils ont organisé le programme pour alterner enseignements, discussions en petits groupes, Eucharistie, exhortation de l’évêque, nouvelles et informations. C’est le “in”.
Le “off” consiste dans tous les temps gratuits, les échanges, les rencontres, les conversations, le repas, les prises de rendez-vous, les fous rires, les soucis aussi parfois, bref, le bonheur palpable de se retrouver ! Les plaisanteries succèdent aux idées de collaboration sur des projets. Elles-mêmes font place aux discussions théologiques les plus savantes ou expériences spirituelles les plus émouvantes. Nous éprouvons vraiment que nous sommes des frères, tous membres du même corps sacerdotal. Le bonheur de la présence de nombreux prêtres originaires d’autres diocèses et en mission avec nous, renforcent notre unité par ses diversités. Nous sommes différents dans nos âges, nos origines, nos sensibilités religieuses, nos choix pastoraux, nos missions ; nous en sommes conscients. Ce temps de “off” nous fait prendre conscience de notre unité donnée par notre baptême, l’appel du Seigneur, le sacrement de l’ordre, le zèle apostolique. Tout cela stimule et renforce notre mission d’évangélisation et de charité confiée par le Christ. En définitive, le “off” nous fait un peu vivre une réalité ancienne que l’Église catholique souhaite retrouver : la synodalité.
Fil rouge de la journée : la synodalité
La journée du 21 novembre 2023 était donc consacrée à la synodalité et à la première session du synode à Rome en octobre dernier. Trois intervenants se sont succédés.
Le Père Pierre Amar a d’abord exposé le traitement du synode dans les médias catholiques et généralistes. Son esprit de synthèse et son humour nous ont permis de mesurer les différences des conceptions allant des “synodo-convaincus” aux “synodo-sceptiques”.
Le Père Sylvain Brison, théologien et professeur au Theologicum de l’Institut catholique de Paris, a rappelé le sens fondamentalement trinitaire et christologique de la synodalité. Elle n’est pas démocratie participative ou démagogique. Elle n’est pas dissolution des responsabilités où tous veulent tout faire. Elle dit l’être de Dieu et l’agir du Fils. Elle déploie la façon de vivre en Église. Le Père Brison a particulièrement insisté sur sa signification pour des prêtres en paroisse : Nous sommes membres de la communauté chrétienne dont nous sommes les prêtres. Chargés par le Christ de l’aider à paître ses brebis, nous sommes aussi des disciples du Bon Berger !
Monseigneur Benoît Bertrand, évêque de Mende et participant au synode à Rome comme père synodal, est revenu sur son déroulement. Il nous a montré combien la forme déployait le fond : tous rassemblés pour écouter l’Esprit Saint dans la Parole de Dieu, la Tradition de l’Église et le témoignage des participants. Il a beaucoup insisté sur le synode comme une expérience spirituelle de décentrement de soi. En ce sens, il s’est attardé sur la retraite spirituelle d’ouverture, prêchée par le frère dominicain Timothy Radcliffe et les homélies du pape pendant le synode. Plus nous sommes à l’image du Dieu Trinité et plus nous sommes aussi dans la synodalité véritable. Notre réponse chrétienne est dans l’établissement de ce processus de conversion des personnes et des communautés pour rayonner ensuite sur le monde en crise. Dans la logique d’abaissement du Seigneur fait Serviteur, chaque membre de l’Église renonce à triompher seul contre les autres. Dans la mouvance de l’Esprit Saint, il entre en dialogue pour vivre par et dans la communauté. Mgr Bertrand a souligné abondamment cette notion de processus. Pour lui, il ne faut donc peut-être pas s’attendre à des grandes décisions à la suite du synode. Au contraire, il s’agit dès à présent de continuer à vivre ce processus initié depuis deux ans.
De l’avis de tous, cette journée a été un grand succès. Nous remercions particulièrement ses organisateurs, les membres du bureau du conseil presbytéral ! Elle a en effet encore plus articulé le “in” et le “off” en expérimentant que le second était déjà un peu la traduction concrète du premier ! Nous avons surtout été renouvelés dans la joie d’être chrétiens avec vous et prêtres pour vous !
Père Emmanuel Gougaud
Photos Père Vianney Jamin