Héberger l’étranger – l’action de JRS en Yvelines
« Dis, qu’as-tu fait de ton frère ? »… en particulier du plus fragile, de l’immigré réfugié dans ton pays ? L’antenne JRS (Jesuit Refugee Service) des Yvelines s’inscrit totalement dans l’appel du Pape à « marcher ensemble vers un nous toujours plus grand, à recomposer la famille humaine » : elle propose à des demandeurs d’asile en situation régulière un hébergement solidaire en famille, ainsi qu’un accompagnement fraternel dans leurs démarches vers l’intégration. Un réseau d’hospitalité qui a besoin de s’enrichir de nouvelles forces vives.
« A la suite de la prise de Kaboul mi-août par les talibans il y a eu un mouvement de solidarité envers les afghans », constate Christine Bitouzet, responsable de l’antenne locale JRS 78. Si elle se réjouit de cet élan de solidarité, l’association n’a pas attendu ces événements pour accueillir des migrants, y compris afghans. Dans les Yvelines, pas moins de 170 familles reçoivent chez elles un demandeur d’asile pendant quatre à six semaines, sur une durée totale de neuf mois à un an. Elles ont dû, comme nous y encourage le saint Père dans son appel, « surmonter leurs peurs pour se laisser enrichir par la diversité du don de chacun ».
Surmonter ses peurs et oser la rencontre
Famille d’accueil dans le réseau d’hospitalité et participant à la coordination de l’antenne JRS78, Véronique Freté a logé chez elle à Marly-le-Roi, Farhad, un réfugié afghan de 22 ans, arrivé en France en 2019. Accueilli précédemment en Suède, alors qu’il était mineur, Farhad a été expulsé à sa majorité, après quatre ans hébergé dans une famille suédoise. Retour à la case départ pour le jeune homme qui a dû réapprendre une nouvelle langue et reprendre à zéro ses démarches d’intégration. Aujourd’hui, même s’il cherche toujours un logement, Farhad vient d’être embauché en CDI ! Mission accomplie pour Véronique, car le but ultime c’est bien l’intégration. « Quand ils arrivent, ils sont au fond du trou. On est là pour les chouchouter, leur offrir de partager une vie de famille chaleureuse et sécurisante, le temps qu’ils se reconstruisent. Mais il faut toujours penser à l’après et tout faire pour leur permettre de s’adapter et de s’insérer dans la société française ».
Cette réussite n’aurait sans doute pas eu lieu sans l’intervention du “zak”, l’accompagnateur qui, tout au long de son séjour dans le réseau JRS, apporte à l’accueilli une écoute amicale et un soutien dans ses démarches.
Ainsi François, qui en est à son deuxième accompagnement, témoigne : « La rencontre avec un inconnu, avec une nouvelle culture, constitue une immense richesse, mais aussi un véritable défi dans la relation. Il faut faire face à l’inquiétude de la personne en attente de son statut de réfugié, le sésame pour pouvoir travailler en toute légalité. Tout est suspendu à la décision de l’OFPRA (Office Français pour les Réfugiés et les Apatrides) ou de la CNDA (Cour Nationale des Demandeurs d’Asile) ! Car comme tout humain il a des rêves d’avenir, mais il a quitté son pays sans diplôme ou avec un diplôme non reconnu, sans formation suffisante. Il parle le français mais pas le jargon du métier souhaité… Les changements de familles sont également des moments forts car il n’y en a pas deux semblables, et c’est heureux. On peut passer d’un foyer dont tous les enfants ont déjà quitté le nid, à une tribu de sept enfants l Mais tous ces foyers partagent un énorme point commun, l’hospitalité, l’amour du frère ! »
Des activité pour favoriser l’intégration, et l’interculturalité
Ainsi Clotilde et Virginie, de l’antenne des Yvelines, ont lancé différents ateliers.
L’atelier de conversation leur a permis de monter un extrait du Bourgeois Gentilhomme, qui a réuni sept demandeurs d’asile et deux cheftaines scoutes, et de donner une représentation sur scène en juin dernier.
Lors de l’atelier d’écriture elles conçoivent avec les réfugiés un journal, “le Petit Welcome“, dans lequel ils peuvent s’exprimer : récits de vie, recettes de cuisine de leur pays ou chansons à partager.
Des sorties culturelles sont également organisées à Versailles et dans la région parisienne, ainsi que des repas par thème de nationalité, pour partager des moments conviviaux.
Pour répondre aux demandes d’hébergement lui arrivant régulièrement, JRS Wecome 78 a besoin de personnes de bonne volonté qui ouvrent leur maison, ou des accompagnateurs. « Ce n’est pas compliqué, il faut juste accepter de se laisser un peu bousculer dans son quotidien comme si on avait pendant quelques semaines un membre de plus dans la famille ! » dédramatisent Béatrice et Nicolas, famille d’accueil à Louveciennes.
« L’avenir de nos sociétés est un avenir « en couleurs », enrichi par la diversité et les relations interculturelles », écrit le pape François dans son message. Alors ouvrons nos maisons, et bâtissons-le ensemble !
Catherine Regnier
Les citations du Pape sont extraites de son message pour la 107ème journée du migrant et du réfugié
Image de couverture : Godong
