Fioretti de la présence des Franciscaines dans les Yvelines de 1875 à juin 2021
Une page se tourne, Sr Marthe et Sr Thérèse, les deux dernières soeurs de la congrégation des Franciscaines missionnaires de Notre-Dame quittent le diocèse où elles vivaient respectivement depuis 1969 et 1996. Derniers échanges avec elles pour évoquer leurs souvenirs et 146 années de présence en Yvelines.
Les Franciscaines missionnaires de Notre-Dame sont hospitalières et enseignantes. La congrégation est originaire de Calais et présente un peu partout dans le monde : au Portugal, en Irlande, aux États-Unis, dans plusieurs pays d’Afrique. Pendant la guerre, les Franciscaines étaient très présentes dans les hôpitaux français en tant qu’infirmières. En savoir plus sur la congrégation des FMND, sa spiritualité, ses projets pour demain.
Une implantation ancienne dans les Yvelines
Dans les Yvelines, les Franciscaines missionnaires de Notre-Dame alors appelées Franciscaines de Calais, ont fondé un premier orphelinat à Saint-Germain-en-Laye en 1875 qui a été transformé en maison de retraite dans les années 70 jusqu’à la fin des années 90. La clinique des Franciscaines a été créée à Versailles dès 1882 et existe toujours devenue l’hôpital privé de Versailles-clinique des Franciscaines.
En 1974, sur leur initiative et en lien avec l’évêché, elles s’implantent dans les logements sociaux de la ville nouvelle de Guyancourt pour une pastorale de terrain. Elles y restent une dizaine d’année.
Pour répondre à l’appel de Mgr Jean-Charles Thomas, alors évêque de Versailles, elles fondent une petite communauté en milieu rural à Richebourg dans les années 90 et y resteront quelques années. Une des sœurs de Saint-Germain, Sœur Marie Agnès Bossaert s’est investie dans l’assistance aux sortants de prison. Avec l’un d’entre eux, elle a fondé à Maurepas, l’association “Lève-toi et marche” pour la réinsertion des ex-détenus qui existe toujours.
Sœur Marthe et Sœur Thérèse en quittant leur appartement de Versailles ferment le livre de la présence dévouée des sœurs franciscaines missionnaires de Notre-Dame dans les Yvelines.
“Vous pouvez partir tranquilles leur a dit aussi une bénévole de la clinique des Franciscaines, tout est sur des rails !”
En effet, l’aumônerie de la clinique est soudée. Les soignants ont le réflexe de proposer le soutien spirituel aux personnes hospitalisées en détresse. Le parcours de préparation spirituelle à la naissance qu’elles ont créé et déroulé près de 70 fois depuis 2006, est repris désormais à Poissy et à Quimper. Reconnu par l’évêque de Versailles, il prévoit deux rencontres : pour réfléchir autour du tout-petit dans le sein de sa maman, pour méditer et contempler les mystères de l’Annonciation et de la Visitation. Il s’achève par une célébration de la visitation avec une bénédiction de l’enfant à naître par un prêtre.
“Le mystère de la Visitation ! C’est aussi une expression qui va bien avec votre manière d’accueillir, d’écouter, de susciter l’amitié, à la recherche de la vie de l’Esprit-Saint en chacun et dans les diverses situations. (…) Dans ce mystère de la Visitation, regardons la Vierge Marie, elle dont vous portez le nom (…). Sur la médaille distinctive de votre congrégation elle est avec les mains ouvertes et en chemin.” leur adressait dans son homélie le frère Eric Bidot, provincial des capucins de France, samedi 12 juin lors de la messe d’action de grâce.
Sr Thérèse tempère : “Ce n’est pas notre œuvre. La Providence depuis le début à tout conduit. Notre départ est une étape un peu dure mais les précédentes étaient belles donc ce qui va suivre sera certainement bien.” D’autant que “Nous ne rejoignons pas une maison de retraite mais une fraternité de sœurs aînées à Caffiers, près de Calais” précise Sœur Marthe !
Quelques souvenirs de la clinique des Franciscaines
Sr Thérèse : “Une Musulmane qui venait de perdre son bébé in utero a demandé à voir une sœur plutôt qu’une psychologue. A sa sœur qui ne comprenait pas ce choix et insistait pour qu’elle voit la psychologue elle a répondu : va voir la psychologue, je reste avec la sœur. C’est juste notre présence compatissante qui compte… On y va avec le cœur et après…”
Nous avons eu aussi deux mamans pour un parcours de préparation à la naissance. Nous avons beaucoup réfléchi et l’intérêt du bébé a primé. Elles ont eu un parcours adapté. Lors de la bénédiction de l’enfant, l’une des mamans pleurait…
Souvent l’humour marche bien. Je voyais régulièrement un homme atteint d’un cancer de la prostate. Chaque fois, il me montrait une photo d’une église qu’il avait visité pendant ses nombreux voyages. Hospitalisé, il ne cessait de répéter “je suis où ? !”, “Aux Franciscaines” mais où est le crucifix ? Je suis allée cherché un crucifix pour l’accrocher au mur et il m’a prise en photo à ce moment là. Le jour de son enterrement ses amis venaient me voir au sujet de cet épisode dont il avait parlé à tous et pourtant cet homme se disait athée.”
Sr Marthe : “Autrefois nous vivions dans la clinique, nous étions parfois appelées la nuit par une maman, une sage femme. Maintenant le lien est moins fort, les malades ne restent pas en raison des soins ambulatoires mais beaucoup de monde passe encore à la chapelle. A la messe, nous disons tous les prénoms des bébés nés dans la semaine. Le dimanche, je portais la communion aux malades dans les chambres.”
Sr Thérèse : “Et la messe à la chapelle était retransmise dans les chambres jusqu’à récemment. Il y avait un canal spécial dont j’assurais l’animation : chapelet de Lourdes, films sur st François, etc. Une maman m’a dit qu’elle préférait le rythme plus lent de cette chaîne.”
La fraternité séculière Père Marie Joseph présente pour l’au-revoir
Elle a été créée à l’initiative de jeunes couples attirés par la spiritualité de Saint François et se réunissait une fois par mois, avec le Fr. Eric Bidot, dans l’appartement des sœurs. Le témoignage de Cédric de Vrégille le responsable actuel en dit long sur leur proximité dans la prière.