Un jour d’octobre 1863, Mère Madeleine et cinq carmélites arrivaient à Saint-Germain-en-Laye dans le but de fonder un nouveau carmel. Elles venaient de Lille. Elles trouvèrent d’abord une maison, rue de Poissy et le 24 novembre suivant, fête de Saint Jean de la Croix, le carmel s’y installait. La construction du monastère rue de Boufflers fut l’œuvre d’une nouvelle prieure venue de Luçon, Mère Anne de Jésus. Le chœur de la future chapelle fut béni le 29 août 1878 et le monastère érigé sous le nom du Sacré-Cœur Réparateur et de Notre-Dame du Mont-Carmel. La chapelle restée inachevée fut dotée d’une nef en 1968.
Après avoir nourri la vie spirituelle de toute notre agglomération (et certainement au-delà) depuis 1863, nos sœurs carmélites atteintes par l’âge ont dû se résoudre à fermer le carmel de Saint-Germain-en-Laye, peut-on lire sur le site de la paroisse.
L’homélie de Mgr Bruno Valentin
“158 ans de présence priante du carmel au cœur de Saint-Germain-en-Laye. 158 années qui font tout à la fois notre tristesse de sa fermeture aujourd’hui, et notre volonté de rendre grâce pour la fécondité de cette présence. Il est toujours difficile de mesurer la fécondité de la prière. La solennité du Sacré-Cœur que nous avons choisi de célébrer ce jour nous y aide, en nous révélant le sens de la vie de prière continuelle vécues par les générations de carmélites qui se sont succédées à Saint-Germain. (…)
La vocation de moniale contemplative peut se résumer à cela : offrir tout son cœur à Dieu par la prière et l’écoute de sa Parole, pour que Dieu le remplisse de son amour, à l’école de Marie qui « méditait toutes ces choses dans son cœur » (cf Lc 2,51). Dans la foule des disciples de Jésus aujourd’hui, les carmélites tiennent la place de saint Jean, penché sur le cœur de Jésus au soir du Jeudi-Saint. Elles se tiennent dans une intimité avec Dieu que Thérèse de Lisieux – qui naîtra 10 ans après la fondation du carmel de Saint-Germain – résume ainsi dans une lettre à sa sœur Céline : « Tu sais, moi, je ne vois pas le Sacré-Cœur comme tout le monde. Je pense que le Cœur de mon époux est à moi seule, comme le mien est à lui seul et je lui parle alors dans la solitude de ce délicieux cœur à cœur, en attendant de le contempler un jour face à face… » (Lettre 122, à Céline)(…)
Pendant 158 ans, les carmélites ont ainsi parlé, par leur vie silencieuse, de miséricorde et d’amour. Elles continuent à le faire aujourd’hui dans plusieurs dizaines de couvents à travers la France. Alors en rendant grâce pour le témoignage porté dans notre diocèse, nous prions pour les vocations dans toute la famille du Carmel.” Lire l’intégralité de l’homélie de Mgr Valentin.
Les mots de Sœur Marie-Paul
“Avec vous tous, nous voulons rendre grâce pour ces 158 ans de présence au milieu de vous, partageant les joies et les peines de tant de familles devenues proches, mais aussi et surtout, la Foi au Christ Ressuscité. Le monastère ferme ses portes, mais la vie carmélitaine continue ailleurs dans sa mission de louange et d’intercession pour tous les hommes. Notre Fédération compte trente-deux carmels, et il y a trois Fédération en France. La mission demeure pour chacun d’entre vous : A la suite du Christ, vous devez transmettre aux générations à venir, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Ceci sera pour nous, carmélites, la plus belle reconnaissance que vous puissiez nous offrir. Et nous comptons sur les communautés de l’Ordre carmélitain séculier pour maintenir ici la flamme du carmel.
Nous partons le cœur attristé mais plein de reconnaissance pour Celui en qui nous avons mis toute notre confiance et notre Espérance.”
L’hommage des amis du Carmel
“Très chères Sœurs, chers tous,
Sœur Jeanine, sœur Bernadette, sœur Marceline, sœur Denise, Sœur Nicome présentes aujourd’hui, ainsi que Sœur Marie-France, Sœur Geneviève qui n’ont pu se déplacer. Nous pensons aussi à Sœur Marie et Sœur Simone et tant d’autres sœurs sur terre et déjà au Ciel.
C’est, accompagnés au son du violon ou de la cithare de sœur Jeanine, que nous pourrions lancer un immense feu d’artifice d’action de grâce pour tout ce que vous êtes !
Tant de vies données dans ce Carmel depuis si longtemps ! (…)
Et pour mieux saisir votre sagesse, il faut se rappeler quelques-unes de vos phrases clés, moteurs de vos vies, qui résonnent dans nos mémoires :
1 « Rendre Amour pour Amour »
2 « Tout faire pour la gloire de Dieu » car « comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? »
3 « Tout est grâce », et ainsi vous voyez le Christ en chacun.
4 « Toute vie a du prix »
« Tout acte prend un sens sous le regard de Dieu »
5 « Nous sommes de passage sur cette terre » aimez-vous à dire, « tout est vain, hormis Dieu ! »
6 « Tout faire par amour », comme le disait Sainte Thérèse. Et alors c’est la paix et la joie qui vous habitent.”
Le témoignage d’une proche, Nicole
Membres de Foi et lumière, ma fille et moi faisions partie il y a quelques années d’une communauté , appelée l’Alliance et devenue L’ Alouette. Nous étions les correspondantes du Carmel, communauté religieuse avec laquelle l’Alliance était jumelée. (…) Des liens très forts ont été créés et qui ne se sont pas distendus , bien au contraire, puisque nous sommes restées en relation depuis toutes ces années avec les sœurs en leur rendant régulièrement visite que ce soit au Carmel ou à la maison de retraite des Augustines à Versailles. (…)
Mon rapprochement du Carmel m’a fait connaître une facette de la vie consacrée et les conversations et rencontres que j’ai pu avoir avec les soeurs m’ont permis de me poser des questions sur ma foi et de mieux comprendre comment retirées du monde elles sont malgré tout très proches de leurs frères et sœurs y vivant. Finalement, j’ y ai découvert des femmes, comme moi, mais qui avaient suivi un autre chemin.
“Maintenant laissons le dernier mot à Ste Thérèse”
C’est ainsi que Soeur Marie-Paul a choisi de conclure :
« Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Élève ta pensée, monte au ciel, ne t’angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus Christ d’un grand cœur, et quoi qu’il arrive, que rien ne t’épouvante. Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n’y a rien de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n’y a pas d’amour de qualité sans la patience.
Que confiance et foi vive maintiennent l’âme. Celui qui croit et espère obtient tout. Celui qui possède Dieu, même si, lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien. :
Même si l’on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen. »
Pour en savoir plus sur les sœurs du Carmel de Saint-Germain, lire l’article sur le site de la paroisse de la Sainte-Trinité