Une Semaine sainte vécue intensément à travers le diocèse
Les témoignages nombreux s’accordent sur le fait que cette Semaine sainte, en confinement, a produit de nombreux fruits. Plus de temps pour prier et pour être acteurs de la liturgie.
Du temps pour méditer
Kim est catéchumène à Mantes, elle aurait dû être baptisée à la Vigile pascale mais ne regrette pas ce temps de confinement. “Cela m’a permis de vivre le carême plus intensément ; de prendre plus de temps pour lire la Bible. Avec ma grand-mère qui m’accompagne, nous suivions la messe du Jour du Seigneur avec un cahier pour noter les phrases des lectures ou de l’homélie qui nous avaient marquées. Et ensuite, on s’appelait parfois deux heures pour échanger sur la messe et les textes. J’ai été émue par la simplicité du studio où se déroulait la messe, revenir à l’essentiel tout en étant en lien avec la communauté paroissiale et le groupe de catéchumènes par téléphone surtout.” (lire le témoignage de Kim sur sa démarche de catéchumène)
“Jeudi saint, nous avons médité avec le livret du diocèse “l’heure sainte à Gétsémanie”. C’était la première fois et cela nous a beaucoup touchés. Nous avons prié près d’une heure avec nos ados, une vraie veillée avec des chants, des temps de silence. Le lendemain, nous avons suivi le chemin de Croix du PadreBlog. Un vrai temps d’examen de conscience, chacun s’est senti concerné, le silence qui a suivi était éloquent. Jamais je n’aurai pensé vivre cela chez moi.” s’étonne Nathalie.
“Cette année, les intentions de prière universelle des offices de la Passion et de Pâques ont été très concrètes. Paradoxalement, peut-être cet isolement nous a-t-il fait ressentir avec plus de force la communion avec l’Église universelle, et avec toute l’humanité, unie dans cette épreuve” analyse Pierre-Yves dont on peut lire tout le témoignage ici.
Nous avons préparé un dîner proche de celui de Pessah la pâque juive, ça a été l’occasion d’expliquer aux enfants que Jésus célébrait la Pâque ainsi le soir du Jeudi saint. Cela a permis aussi de rappeler la sortie d’Egypte, les liens de tradition avec les Juifs, nos grands frères dans la foi ! explique une autre qui confie s’être passionnée pour l’article sur la transmission de la foi dans la culture juive.
Acteurs des mystères de la Passion et de la Résurrection
Le jardin de Pâques proposé dans le livret du diocèse a rencontré un vrai succès. “Cette idée de créer une sorte d’équivalent à ce qui se fait pour Noël nous plaît beaucoup, et elle est riche de signification, puisque les deux fêtes sont intimement liées ; les enfants se sont pris au jeu, certains allant jusqu’à relire attentivement les récits pour trouver des détails” s’étonne Pierre-Yves tandis que Célia se souvient : “Le soir quand nous venions prier devant le coin prière, il y avait toujours un nouvel élément dans le jardin de Pâques, rajouté par ma fille qui en avait pris seule l’initiative.”
Sophie, animatrice d’un groupe d’aumônerie de Villepreux a été surprise de la créativité des jeunes de son groupe qui lui envoyait des photos de leurs dessins, cierge pascal, bouquets, Tshirts “Alleluia !” créés pour Pâques.
Des familles nombreuses ont préparé et joué les stations du chemin de Croix avec beaucoup de recueillement et de concentration. Les enfants ont apporté leurs idées. Cela a souvent demandé un investissement important aux mères de familles pour orchestrer les propositions et trouver pour chaque âge la prière, l’activité qui fasse sens ; pour que chacun trouve sa place et puisse s’impliquer dans la Semaine sainte. Cela n’a pas toujours été couronné de succès : “Ils se sont tous endormis devant la Vigile” raconte en riant une mère de famille. Parfois, c’est le père qui était chargé de mener la prière, rompre le pain azyme, le lavement des pieds ou le chemin de croix. Comme dans cette autre famille de Villepreux ou le père est, en temps normal, en déplacement toute la semaine.
“Nous avons réparti les stations dans toutes les pièces de la maison. Notre fils servant de messe, a construit la croix et l’a portée. D’habitude, chacun vit son chemin de croix de son côté, à l’école, au travail… et là ça c’est passé chez nous. Jeudi saint, chacun a lavé les pieds de l’autre, du plus âgé au plus jeune. On s’en souviendra longtemps. Mais on n’oublie pas non plus que l’église domestique doit rayonner ; nous avons envoyé des photos à notre curé de nos temps forts de la Semaine sainte et Samedi saint, comme c’était notre tour de panier repas, nous lui avons préparé un panier spécial Pâques avec des dessins, des petits œufs,…” explique Marie qui savoure le temps de confinement en famille.
Un lien paroissial conservé
En effet, beaucoup ont eu à cœur d’associer leurs pasteurs qui souffrent de ne plus voir leurs paroissiens. Car s’ils réussissent à retransmettre leur messe en direct, les prêtres célèbrent tout de même face à des bancs vides et il leur manque le retour des paroissiens. “En suivant en replay différentes célébrations, j’ai réalisé que nos prêtres sont là, courageux, avec leurs différents charismes, qu’ils portent le flambeau et gardent la maison” s’exclame Sophie, célibataire. “Je trouve aussi que l’abondance de propositions a permis de choisir et de composer une Semaine sainte à la carte, ce qui était assez confortable et en même temps, le fait de partager ce que l’on vivait via les réseaux sociaux et le téléphone a créé une proximité étonnante. Tout cela fait que je ne me suis jamais sentie seule.”
“A Ablis, l’application Zoom choisie pour retransmettre les messes depuis le début du confinement, n’était pas utilisable pour les longs offices du Jeudi saint et du Vendredi saint, elle a cependant permis un bel échange entre les paroissiens et leur curé” explique Odile, membre de l’équipe liturgie. Et pour que les paroissiens puissent entrer plus facilement dans la prière et se sentir en lien avec la paroisse, notre curé avait envoyé une photo de la croix de l’église d’Ablis pour la vénération de la Croix. Nous avons aussi proposé une vidéo avec les chants et les photos du Triduum pascal de 2019.”
“Nous avons suivi les offices de notre paroisse retransmis sur YouTube. Cela se passait dans un petit oratoire et comme nous avons une grande télévision, on avait vraiment l’impression de partager l’intimité de prière de nos prêtres tout en sachant que toute la paroisse était dans le même cas que nous. C’était très beau.” témoigne Anne, paroissienne de Buc-Jouy-Vélizy-Les-Loges.
En souvenir de ce Triduum, séparés de corps mais unis dans la prière, des paroisses ont partagé des montages : par exemple, à Montigny-Voisins, c’est une vidéo YouTube avec les photos de 125 paroissiens, tout sourire affichant “Christ est ressuscité” ou “Joyeuses Pâques” ; au Chesnay, un grand montage photo a été réalisé avec les photos de paroissiens en train de prier devant une des messes dominicales retransmises en direct sur You Tube.
Et l’on peut entendre chœur de la cathédrale de Versailles exploser d’une joie à l’unisson dans cette vidéo :
Faute de pouvoir animer la Vigile Pascale, le Petit Chœur élargi (Grand Cœur ?) chante la joie de la Résurrection. Joyeuses Pâques à tous !
Publiée par Paroisse-Cathédrale Saint-Louis Versailles sur Dimanche 12 avril 2020
Témoins même confinés
Dès le dimanche des Rameaux on a pu voir fleurir des banderoles aux fenêtres, des guirlandes de rameaux de papier, de buis, d’olivier, accrochés aux balcons et aux grilles. Et les beaux jours, par les fenêtres ouvertes on a pu entendre s’échapper des chants, des bribes de messes télévisées. Lors de la Vigile pascale, dans les jardins, des brasero ont été allumés et dans les villes, des lumignons allumés aux fenêtres, témoins d’une espérance qui se propage à tous.
Le confinement “décompartimente” nos vies personnelles et professionnelles, on se confie plus sur son quotidien : Sophie témoigne avoir eu des échanges avec ses collègues en télétravail sur la Semaine sainte qu’elle n’aurait pas eu d’ordinaire ; Florian a annoncé qu’il ne serait pas joignable de 15h à 16h Vendredi saint car il allait suivre le chemin de Croix.
Cela s’est aussi traduit par des actes concrets pour le jour de Pâques : “Nous avons vidé et peint des œufs pour nos voisins seuls et leur avons déposé dans un petit panier le jour de Pâques pour égayer leur table.” A Versailles, des paroissiens de Sainte-Elisabeth sont venus chanter “Alleluia” avec un porte-voix au pied de l’EPHAD Lépine ; au même moment dans de nombreux autres EPHAD et maisons de retraite des Yvelines, des dizaines de cartes, dessins d’enfants présentant leurs vœux étaient ouvertes pour les résidents.
Valentine Faure
Témoignages et photos provenant de paroissiens de Mantes-La-Jolie, Le Chesnay-Rocquencourt, Saint-Germain-en-Laye, Fontenay-Le-Fleury, Villepreux, Ablis, Buc, Montigny, St-Nom-la-Breteche et Versailles.