Regard d’un aumônier sur ce qui se passe à l’hôpital
Le P. Gaël de La Croix-Vaubois est l’un des aumôniers de l’hôpital Mignot à Versailles. Son témoignage nous incite à prier d’avantage pour les personnels soignants intimement bouleversés par les événements et pour les “anonymes de la foi”.
Une situation inédite et très difficile
A la peur d’un virus encore peu connu s’ajoute les contraintes des gestes barrières. Les patients se retrouvent seuls sans possibilité de voir leurs proches et les soignants craignent la contagion et manquent de temps pour réconforter les malades. Nous-mêmes aumôniers ne pouvons passer dans les chambres. Les familles peuvent – et doivent – demander au personnel médical que le sacrement des malades soit donné à leur proche, mais cela ne peut se faire qu’avec l’accord du médecin et seulement lorsque celui-ci estime que le pronostic vital du patient est sérieusement engagé. Ce manque de contact est vraiment éprouvant pour tous. Mais petit à petit, on apprend à mieux connaître ce virus et son mode de propagation ; les services s’organisent de mieux en mieux, ils reçoivent un peu plus de matériel et le flux d’arrivée devrait se réguler. Tout cela devrait contribuer à réduire bientôt la grande tension de tous ces derniers jours.
Des soignants admirables et bouleversés
Les équipes soignantes sont très attentives aux patients et souffrent de ne pouvoir accorder plus de temps aux patients comme à leur famille. Eux-mêmes sont bouleversés dans leur façon d’exercer leur métier, beaucoup n’ont pas l’habitude de voir autant de patients précaires. Certains de ceux qui ont été rappelés au service étaient retraités, d’autres viennent de services qui n’ont rien à voir et chacun s’emploie à faire de son mieux malgré la fatigue. Spontanément, se sont développées une grande solidarité et une confiance mutuelle entre les soignants. Dans les relations avec les familles, un soignant est désigné pour donner des nouvelles une fois par jour, rassurer. Choisir la confiance et la bienveillance facilitera le dialogue, n’oublions pas que réconforter les familles n’est pas leur métier principal même s’ils ont à cœur de le faire au mieux !
Le Seigneur accompagne chacun
Les patients qui proviennent de nos paroisses sont souvent très entourés, bien qu’à distance aujourd’hui. Ils savent qu’il peuvent compter sur la prière constante de leurs proches, des réseaux paroissiaux se constituent pour les soutenir dans la prière. C’est pour “les anonymes de la foi” que c’est plus compliqué : les familles ne pensent pas forcément à demander la prière ou la visite de l’aumônier. C’est d’autant plus crucial pour les mourants qui souhaiteraient recevoir le Sacrement des malades. Que les soignants n’hésitent pas à prendre contact avec nous lorsque le patient ou la famille le demandent ou même à proposer notre soutien aux familles. Tous, pensons à confier les malades hospitalisés qui sont loin de la foi, ceux qui y reviennent dans cette épreuve de la maladie. Lorsque nous visitons les mourants, nous sommes seul en tête à tête avec un patient qui souvent est inconscient. On ne sait pas ce que la personne ressent, c’est un mystère. Les soignants s’ils sont présents sont touchés par ce moment de prière. Beaucoup sont croyants, d’autres voient leur rapport à la vie bouleversé. Ils ont besoin de nos prières pour garder le moral, ne pas désespérer.
P. Gaël de la Croix-Vaubois
propos recueillis par Valentine Faure
Photo d’illustration : Crédit : Godong
Témoignages de proches
Lorsque la situation est devenue désespérée pour notre mère hospitalisée en raison du Covid 19, le père de La Croix-Vaubois a su être présent et il a eu la délicatesse de me rappeler pour partager les échanges qu’il avait eus avec elle. Nous espérons pouvoir le rencontrer dès que possible pour le remercier de sa grande disponibilité, de son écoute et de son grand courage. Remy
Notre mère a été hospitalisée dans un état préoccupant. Hospitalière à Lourdes depuis de nombreuses années, elle a rapidement exprimé son désir de recevoir le Sacrement des malades. En quelques heures, nous avons pu être en contact avec le P. Gaël. Il n’a malheureusement pas reçu l’autorisation de rencontrer notre mère. Le père a pris le temps de nous recontacter pour nous expliquer, avec beaucoup de délicatesse, cette décision plutôt de bon augure finalement pour notre mère ; cela signifiait que son heure n’était pas encore arrivée. Nous vivons maintenant dans l’espoir qu’elle puisse recevoir ce sacrement plus tard, pour la soutenir pendant sa période de guérison après son réveil, si Dieu le veut. Christine