Logo diocèse de Versailles

Le ciel attendra


Un film pour aborder la question de la radicalisation à travers l’itinéraire croisé de deux jeunes filles.

De Marie-Castille Mention-Schaar

Genre : drame.

Date de parution en France : 2016

Durée : 1h45

La fiche imprimable

Résumé

Garantir à sa famille une place au paradis, c’est le but de Sonia, 17 ans, que sa famille retient malgré elle. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d’un “prince” sur internet.

Deux jeunes filles ordinaires dont la route a croisé celle de l’embrigadement… Comment en sortir ?

Analyse

La chronologie du film est complexe à reconstituer car on suit alternativement deux jeunes filles et leur famille. L’histoire parallèle de ces deux jeunes filles radicalisées se complète de flashbacks qui ne permettent de comprendre la logique du film qu’à la fin. Cette approche chaotique contribue à l’expression du traumatisme vécu par les parents comme aux bouleversements sans précédent opérés dans la vie des jeunes filles.

Il sera donc nécessaire de bien reprendre chaque famille pour identifier les liens, associer les parents à chaque jeune fille et notamment Sylvie, maman de Mélanie qui coupe ses cheveux.

Le détail des personnages et de la chronologie est très clairement explicité dans le dossier du festival Ciné fête 18 aux pages 11 à 18

On notera en particulier que le film ne cristallise pas sur des jeunes de banlieue non intégrés. Mélanie est bien vivante, ouverte

Les nombreux gros plans sur les visages permettent de voir évoluer chaque jeune fille.

Les lieux de tournage : On repèrera les scènes qui se déroulent dans l’espace clos de la chambre par rapport à celles dans l’espace « public » de la famille, des lieux de rencontre avec d’autres (classe, bars, espaces de parole, rue…). Repérer toutes les prises de vue qui évoquent l’enfermement et la manière dont la scène du début et de la fin se répondent.

Les objets : les scènes en miroir : quels doubles visages présentent elles ?

Impact du vêtement

Place du téléphone, de l’ordinateur

Les objets bannis : violoncelle…

Le lien avec l’enfance (peluches), les liens affectifs (le châle de la grand-mère)

L’importance des dialogues : les scènes d’échanges notamment avec Dounia qui joue son propre rôle permettent de noter les arguments développés dans la radicalisation.

De précieux éléments d’analyse dans le dossier réalisé en Suisse.

Propositions d’animation :

  • Avec des jeunes à partir de l’affiche et/ou la bande annonce avant la projection

La proposition pédagogique développée dans le dossier cinéfête déroule de façon détaillée une proposition d’animation p 5 à 10 pour préparer la projection du film.

  • Rechercher les motifs de radicalisation

On repérera de façon détaillée les dérives sectaires des deux jeunes filles. Internet y joue un rôle central mis en valeur par les gros plans sur les écrans visualisés notamment par Mélanie. Quelle est la progression dans la formulation des messages ?

Quel rapport à la loi dans ce qui nous est montré ?

Quel rôle des grands-parents ? Quelle place de la mort dans nos vies actuelles ? Quelle place pour les discussions plutôt philosophiques en famille ?

Quel idéal atteindre ? Quelle place dans nos aspirations pour la pureté ?

  • Proposition pédagogique en travaillant particulièrement la scène de début du film

(les 10 premières minutes par exemple) ou celle de la rencontre entre Sonia et Dounia à partir de 33’30 environ à 39’)

Ou en travaillant à partir de phrases retenues : qui a dit quoi ?

« Vous l’avez tellement aimé, rien ne peut arriver. »

« Tu crois que c’est ton rôle de mourir à 17 ans ? »

« La vie ce n’est qu’une épreuve avant le paradis. »

« Tu vas pouvoir régénérer ce monde pourri. »

« Tu n’as pas le droit de rester aveugle à toutes ces misères. »

« L’islam est la seule chance de combattre tous ces complots. »

« Le groupe va vous remplacer comme identité, vous n’allez plus exister. »

« Personne ne te demande de t’effacer. »

« Je ne me rendais pas compte, je n’étais plus moi-même. »

Repérer la thématique des 3 cours (le premier avec Belami de Maupassant est une critique de la société, de la bourgeoisie, de la pauvreté, de la religion ; le 3e cours évoque l’application des lois de laïcité, les velléités d’indépendance, le travail forcé,…)

Des éléments complémentaires pour enrichir l’échange peuvent être pris dans l’interview avec la réalisatrice.

Pour aller plus loin

Autour de la question de la vérité : Virtuel / réel, qu’est-ce que la réalité ? Après les échanges précédents, on pourra s’interroger sur les valeurs que nous voulons vivre. Que signifie confiance, trahison ?

La radicalisation progressive montre les valeurs de l’islam. Comment ce verset biblique fait-il écho : « la vérité vous rendra libres » (Jn 8,32).

Autour de la question du manque, du vide : l’adolescence est une période propice pour découvrir le monde dans lequel nous vivons et imaginer la place que l’on pourrait y tenir. Mais quand un déséquilibre s’instaure, quand un isolement se met en place pernicieusement (radicalisation mais aussi, handicap, différence…), quelles armes mettre en place, quels moyens d’attention, de dialogue alors que les parents n’ont de cesse d’exprimer leur culpabilité de ne pas avoir perçu la dérive de leurs enfants.

Autour de la relation : comment une relation amoureuse peut-elle s’établir uniquement par message écrit interposé ? Qu’est-ce que connaître une personne ? Qu’est-ce que construire une relation ?

Autour de la question du salut : qui sauve qui ? Peut-on sauver quelqu’un à ses dépens ?

Quel sens du salut suivant les religions ?

Que valent la vie, la mort ?