A Versailles, deux religieuses reconnues Justes parmi les nations
Le 14 octobre, une plaque a été apposée en mémoire de l’action de deux religieuses de la congrégation des Soeurs Servantes du Sacré Coeur de Jésus. L’institut Yad Vashem de Jérusalem leur a décerné le titre de “Juste parmi les nations”.
Le 14 octobre a eu lieu la cérémonie de dévoilement de la plaque apposée au sein du Couvent du Sacré Coeur de Jésus à Versailles commémorant l’action de deux religieuses : Mère Annette (Marthe Delesalle, décédée en 1988) et Soeur Marguerite Olivier. La plaque rappelle qu’elles sont reconnues Justes parmi les nations. En effet, ces soeurs ont caché des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale au sein du couvent.
Reconnues Justes parmi les nations en 2001, les deux religieuses voient leurs gestes désormais gravés sur cette plaque commémorative dévoilée en présence de soeur Marguerite, très émue, François de Mazières, maire de Versailles, Soeur Danièle, supérieure générale des soeurs Servantes du Sacré Coeur de Jésus, Samuel Sandler, auteur du livre bouleversant : “Souviens-toi de nos enfants“, publié chez Grasset.
Cette congrégation était un orphelinat accueillant des petites filles jusqu’à l’adolescence. Attentives aux plus démunies, les soeurs ont été alertées par le sort réservé aux familles juives pendant l’occupation. Mère Annette, extraordinaire femme d’action, assistée de soeur Marguerite, a organisé pendant toute cette période un accueil secret à une dizaine de petites filles juives au sein de la communauté. Ces fillettes ont été sauvées et rendues à leurs familles dès septembre 1944 pour celles qui en avaient une. Les autres ont été confiées à des organismes comme l’OSE.
Pierre-François Veil, Président du Comité français pour Yad Vashem, n’a pu être présent mais a tenu à manifester sa reconnaissance à travers un texte lu par Mme Viviane Saül, Déléguée Régionale du Comité Français pour Yad Vashem :
“C’est en 2001, il y a 17 ans déjà, que Yad Vashem a, au nom de l’Etat d’Israël, décerné le titre de « Juste parmi les Nations » à Marthe Delesalle, Mère Annette, et à Sœur Marguerite Olivier, pour avoir logé, nourri, caché, et sauvé de la mort deux enfants, Vera et Amélie Goldman, coupables d’être nées juives. Nous n’oublierons jamais que dans notre pays, pendant la dernière guerre, des hommes et des femmes se sont comportés comme des collaborateurs racistes et haineux et, pour certains, aussi barbares que le furent les nazis. Mais nous n’oublierons jamais non plus que dans le même temps, nombre de nos concitoyens, n’écoutant que leur conscience, ont, avec courage, au péril de leur vie et parfois de celle des leurs, choisi de porter secours et assistance aux proscrits.
Parmi eux, se sont trouvés nombre de femmes et d’hommes d’Eglise qui, de leur propre initiative ou écoutant les injonctions d’humanité et de fraternité de Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, ont pris, avec d’autres, la décision de refuser l’innommable, la haine d’autrui, en cachant un enfant, un adulte, un vieillard, une famille, dont le seule crime était d’être nés juif. Ces héros de l’ombre ont été reconnus comme tels par Yad Vashem qui a ainsi décidé de leur attribuer la médaille de « Juste parmi les Nations », c’est à dire la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël spécialement décerné à des non juifs qui ont, au péril de leur vie, sauvé des Juifs pendant la dernière guerre mondiale. Parmi eux, Mère Annette et Sœur Marguerite. Je vous suis très reconnaissant, Monsieur le Maire, d’avoir souhaité, aujourd’hui, rappeler à tous vos concitoyens le rôle exceptionnel de ces deux religieuses et l’exemple qu’elles incarnent. Cette initiative est d’autant plus importante qu’elle intervient à une époque où le danger de l’intolérance du racisme et de l’antisémitisme refait surface, parfois sous ses formes les plus violentes, non seulement dans plusieurs pays européens mais également en France, terre des Droits de l’homme, au point que certains de nos concitoyens, craignant pour leur vie ou celle de leur enfants en viennent à quitter leur quartier, leur ville, voire leur pays, la France, parce que leur judéité en fait des cibles. Au-delà de nos convictions personnelles, il nous appartient à tous, de transmettre, de protéger et de défendre les valeurs d’humanisme et de tolérance qui sont le socle de notre démocratie.
Sœur Danièle, merci à vous de votre engagement. Vous pouvez être fière de Mère Marthe et Sœur Marguerite que personne ne doit oublier.”
Aude de la Motte.
Sources : 78 Actu et Le Parisien.