J’ai repris le chemin de la Messe en prison
Extrait d’une lettre d’un ancien détenu envoyée juste après sa sortie, en juillet 2018, à l’équipe d’aumônerie de Bois d’Arcy.
(…)
“Au fil des semaines, j’ai été frappé par la grande ferveur des messes, la participation aux cantiques et prières, le grand nombre de communiants. Les messes à l’extérieur sont souvent plus silencieuses, moins communautaires.
Venir à la messe au début, quand on vient d’être incarcéré, est une interrogation. On en tête l’image des messes – rares ou anciennes- où l’on est allé dans sa vie, souvent des messes d’enterrement, pas de celles qui resplendissent de joie partagée. On hésite. On hésite d’autant plus que le co-détenu aura un regard que l’on n’imagine pas forcément positif sur cette inscription à la messe. Finalement, si on s’y inscrit, c’est sans doute pour des raisons pas forcément religieuses : pour une sortie de plus, pour pouvoir échanger avec des personnes de l’extérieur, voir des détenus d’autres étages et recevoir une fleur…
Et puis c’est le choc, on y trouve de la méditation, du partage, du temps de réflexion. On y trouve ou on y retrouve des temps de prière, de foi, on y écoute la parole et les explications autour de la parole des évangiles.
On avait un peu, beaucoup oublié tout ça depuis le catéchisme, on le prend en pleine face, adulte et évidement pécheur puisqu’en prison, ça donne un autre son de cloche et ça prend aux tripes.
Merci pour ce temps de partage, merci pour ce temps d’accompagnement, je ne suis pas prêt de l’oublier ou d’abandonner la messe maintenant en liberté, grâce à vous, grâce à Dieu.”
D.
(Photo couv. : Bernard Hallet)