Sainte-Elisabeth de Versailles
La polychromie retrouvée à Sainte-Elisabeth
Depuis le mois de janvier 2010, l’église Sainte-Élisabeth de Hongrie, située à Versailles dans le quartier dit du Petit Montreuil, a retrouvé ses couleurs d’antan.
Cette petite église a été édifiée au milieu du XIX° siècle grâce à un legs de l’abbé Rousseau, ancien aumônier de Madame Elisabeth, sœur cadette de Louis XVI.
En hommage à la petite fille de Louis XV qui avait à Montreuil sa maison de campagne, ce lieu de culte est dédié à la sainte patronne de la princesse.
Le chœur de l’église est orné d’une vaste peinture commandée en 1890 à Paul-Hyppolite Flandrin. L’artiste représente un des épisodes de la légende de la sainte : « le miracle des roses » : en 1220, Elisabeth, fille du roi de Hongrie, toute dévouée aux pauvres et aux malades, a dit-on, dérobé par charité quelques aliments dans la cuisine du château pour les donner aux indigents. Surprise par son beau-frère qui lui demande ce qu’elle transporte dans son tablier, elle répond : « des roses pour me tresser une couronne ». Effectivement, les aliments se sont transformés en roses rouges et blanches.
Paul-Hippolyte Flandrin représente la jeune femme debout, couronnée et auréolée, vêtue d’une robe de soie brochée et d’une cape blanche d’où s’échappe une brassée de fleurs. Tandis que son beau-frère l’accuse avec véhémence, les malheureux, venus chercher auprès d’elle quelque réconfort, se regroupent sur le côté droit, tendant vers elle leurs mains suppliantes.
La référence à Madame Elisabeth est évidente : comme sa sainte patronne, la jeune femme a fait de sa maison de Montreuil un lieu de paix et de bienfaisance. Toute entière tournée vers les pauvres et les malades, elle les accueille, les soigne, leur distribue vêtements, fruits et légumes. Elle donne aux enfants le lait des vaches venues spécialement de Suisse.
En 2009, la ville de Versailles décide de faire restaurer cette peinture qui s’est considérablement ternie avec le temps. Ce travail minutieux est confié à l’équipe « Arcanes » connue, entre autres, pour son remarquable travail dans la Galerie des Glaces. Il est prévu également de dégager le décor du plafond à caissons que l’on devine sous la peinture grise posée dans les années 1960. Sous la direction de Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments Historiques, les travaux sont entrepris et l’on découvre dans les élévations des fenêtres du sanctuaire et sous l’arc triomphal une grande frise d’inspiration Renaissance. Dans le chœur, tout autour de la toile, de beaux rinceaux sont mis à jour et dans la partie basse apparaissent un décor de draperies feintes et le monogramme de sainte Elisabeth .On découvre enfin que la voûte est ornée d’un semis de fleurs. Il est alors décidé de remettre en valeur l’ensemble de ce décor caractéristique du XIX° siècle.
Bien implantée dans ce quartier désormais très passant du fait de la proximité de la gare des Chantiers, cette petite église toute simple a retrouvé la lisibilité de l’œuvre de Paul-Hippolyte Flandrin et une harmonie de couleurs chaudes qui évoquent la grande générosité de l’inspiratrice de ce lieu.
Crédit photos autres que ACF : remerciements à Régine Cabannes.
Béatrice Dumas