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Collégiale de Poissy : bienvenue aux mal-voyants


Une visite adaptée à la mal voyance – Ici sont proposées quelques initiatives afin que des personnes non voyantes ou mal voyantes puissent être rejointes dans leur réalité, à l’occasion d’une visite d’un lieu ecclésial. C’est aussi cela, porter le souci pastoral.

Même s’ils sont en général accompagnés, nous ne connaissons pas l’histoire de chacun de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, ni l’importance de leur handicap. Nous ne savons pas non plus s’ils ont déjà effectué des visites de monuments et dans quelles circonstances. C’est pourquoi, à la collégiale de Poissy, plus encore que pour n’importe quel autre visiteur, nous voulons être “à l’écoute” des personnes atteintes de cécité (partielle ou totale) car nous avons quelque chose à leur proposer et, si possible, à leur faire découvrir.

Comment accueillir les non-voyants et les malvoyants dans une église ?

Lors d’un accueil de groupe, nous commençons par présenter l’église, son histoire, son architecture, sa symbolique. Puis, ayant invité chacun à prendre garde aux dalles du sol parfois irrégulières, nous parcourons le monument en faisant une halte dans la chapelle où sont regroupés les objets les plus intéressants. Ce peut être, par exemple, la chapelle des fonts baptismaux où se trouve la statue de saint Jean-Baptiste.

Le toucher, précieux sens

A Poissy, cette statue en pierre du “Précurseur” est accessible en partie depuis le sol.
En nous rappelant que l’on ne doit jamais toucher la main d’un aveugle ni la lui prendre sans son autorisation, nous proposons aux malvoyants et non-voyants de toucher le bas de cette statue en leur signalant les reliefs différents : celui du vêtement de poil de chameau, celui de la robe, celui du manteau lui-même et celui du revers du manteau. Ils peuvent ainsi se rendre compte, d’une manière tactile, de la forme des plis de la robe dits “en bourrelets”. La même possibilité s’offre à eux pour les pieds nus qui dépassent à peine du vêtement.

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Il est alors plus facile d’évoquer le séjour de Jean-Baptiste dans le désert et son rôle tel qu’il est présenté dans l’Evangile. Nous signalons un élément intéressant mais inaccessible au toucher : le doigt du prophète montrant l’agneau dans un cercle symbole d’éternité. En revanche, à partir de la taille des pieds, il est possible de deviner les dimensions de la statue.
Dans la même chapelle se trouve une “Mise au Tombeau” composée de plusieurs personnages. Ce groupe de sculptures est protégé par une petite grille en bois, qui

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peut, exceptionnellement, être déplacée afin d’approcher les personnages “grandeur nature”. Dès lors, ils peuvent être identifiés, tout au moins ceux du premier plan : le Christ dans son linceul, ainsi que les deux ensevelisseurs, Nicodème et Joseph d’Arimathie, reconnaissables à leurs somptueux vêtements, au turban sur la tête, à leurs colliers, au sac en forme d’aumônière.
Tous ces accessoires illustrent leur richesse, laquelle n’empêche pas leur proximité avec le Christ.

C’est encore dans cette chapelle que se trouvent les fonts baptismaux en usage depuis le début du XVIIIéme siècle. Leur couvercle est en cuivre dont le contact diffère de la pierre et du bois. Les inscriptions – telles les armes de Poissy (un poisson et deux fleurs de lys et demi) – ne sont pas gravées assez profondément pour être reconnues au toucher.

En revanche, les sculptures en bois devant l’autel de la chapelle Saint-Barthélemy (une pietà et des décorations florales) sont en léger relief. De même, les visiteurs, non et mal voyants, peuvent suivre du doigt l’arrondi du bras de la Vierge supportant le corps du Christ descendu de la croix. Ils peuvent aussi percevoir les rayons du soleil qui annoncent la Résurrection.

Dans le déambulatoire, le “Chemin de Croix” mérite un arrêt.
Faites de métal argenté, les scènes, en relief, illustrent fidèlement le récit des Evangiles. Les différents personnages sont reconnaissables surtout si la lecture du texte accompagne le cheminement. La croix est présente sur tous les tableaux sauf le premier et le dernier. La taille de la ville de Jérusalem diminue au fur et à mesure que le Christ, vivant sa Passion, s’en éloigne pour se rapprocher du Golgotha.

Parmi les autres éléments architecturaux accessibles, il faut citer le “devant d’autel” en pierre composé de huit personnages sous un arc trilobé (donc d’époque gothique). Il s’agit de quelques Apôtres, tenant chacun un bâton de pèlerin d’une main et, de l’autre, un parchemin déroulé : le Christ les a envoyés “évangéliser le monde” à l’aide de son message qui s’adresse à tous ; le parchemin n’est pas fermé, mais ouvert, comme le Livre de la Parole. Ces sculptures, malheureusement très dégradées, peuvent être touchées notamment pour parcourir les longs doigts des mains et des pieds ou encore les trois quarts d’un visage barbu.

Une autre approche de l’architecture de l’église peut être proposée à travers la prise de conscience de la circonférence, plus grande qu’on ne l’imagine, d’un groupe de piliers, précisément ceux qui soutiennent la masse du clocher central. Pour cet exercice, il suffit d’entourer un pilier au moyen d’une corde ou avec les bras étendus de plusieurs personnes. La mesure de la corde ou l’addition des longueurs de bras permet de connaître le tour de ces impressionnants piliers.
A l’extérieur, sous le porche royal (XVème – XVIème siècles), les sculptures fines de la pierre et les décorations du portail en bois sont accessibles au toucher.

L’ouïe
Pour les non et mal voyants, la visite se révèle plus riche s’ils peuvent entendre l’orgue, depuis la nef ou, mieux, en montant à la tribune auprès de l’organiste.
Les bruits extérieurs filtrés par les murs épais de l’édifice leur parviennent et ils peuvent être sensibles à l’odeur de l’encens si des funérailles ont été célébrées, au parfum des fleurs ou à la fumée des cierges.
Ces visites particulières nous permettent de dévoiler quelques aspects de notre église à des personnes souffrant de mal voyance. Elles nous apprennent surtout à être davantage “au service” de ceux qui y entrent pour tenter de les aider à en découvrir les mystères.

Bernadette Dieudonné – Luc Bigourdan

“Sauvegarde et Animation du Patrimoine Sacré de Poissy-Villennes-Médan