Trésor de la cathédrale Saint-Louis de Versailles
Découvrir le Trésor de la cathédrale Saint-Louis de Versailles exposé dans des vitrines sécurisées.
Une nouvelle présentation des objets sacrés
Monseigneur Eric Aumonier, évêque de Versailles, a inauguré la nouvelle présentation du Trésor de la cathédrale Saint Louis de Versailles le 26 janvier 2012. Exposés dans des vitrines sécurisées, calices, patènes, ostensoirs et burettes voisinent avec de splendides vêtements liturgiques coupés dans de somptueux brocards de soie. Seuls deux manuscrits, une pertuisane et un ostensoir de facture allemande ont été sauvés des destructions révolutionnaires. Tous les autres objets ont été commandés au XIXème siècle aux grands facteurs de l’époque. Ils témoignent de la prodigieuse fécondité de ce siècle et du renouveau de l’art religieux après la période troublée de la fin du XVIIIème siècle.
Sous une apparence précieuse et raffinée, tous ces objets sacrés sont des témoins : témoins du savoir-faire et des goûts artistiques de l’époque, témoins de l’histoire du diocèse, témoins de la Foi des fidèles.
Témoins d’un savoir- faire et d’une époque
Réalisées par des maîtres réputés, ces pièces de belle qualité illustrent les diverses tendances artistiques de la période et l’évolution du goût au cours des années. Au début du XIXème siècle, des orfèvres, tels que Loque ou Martin, adoptent les formes néoclassiques en vogue à ce moment
Ostensoir de Jean Ange Joseph Loque, 1805
Paire de burettes et leur plateau par Charles Denis Noël Martin, 1826, 1837
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Les formes sont simples et élégantes. Le maître orfèvre s’inspire directement de l’Antiquité tout en incluant des motifs naturalistes. Les burettes sont différenciées par le décor : feuilles de vigne et grappes de raisin pour la burette à vin, roseaux pour la burette à eau.
Ostensoir d’Alexandre Thierry
Le personnage ailé porteur de palme est très fortement inspiré des « victoires » de l’Antiquité.
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, un nouveau mouvement appelé
« Néogothique » fait son apparition. Désormais l’art du Moyen Age devient la référence et en particulier l’art de l’époque de Saint Louis qui apparaît comme le seul vraiment religieux. Les architectes Violet le Duc et Lassus qui restaurent la Sainte Chapelle en sont les initiateurs.
Parmi les grands orfèvres de ce temps, les Poussièlgue Rusand, père et fils ainsi que les Trioullier sont bien représentés à Saint Louis. Les uns et les autres réinventent la technique de l’émail si souvent utilisée au Moyen Age :
Patène, Placide Poussièlgue Rusand, 1860.
Au centre on reconnaît l’Agneau nimbé, porte étendard
Bassin d’évêque, Placide Poussièlgue Rusand, vers 1880
Calice, Charles, Hippolyte et Joseph Trioullier, vers 1880
Des tableaux peints sur émail, enserrés dans des médaillons, évoquent la vie du Christ et le sacrement de l’Eucharistie.
Témoins de l’histoire du diocèse.
L’ensemble des vêtements liturgiques réalisés par le chasublier Biais dans un tissu de soie brochée orné de guirlandes de fleurs et de bouquets de roses renvoie à la fois à Napoléon et au roi Louis Philippe.
Taillés dans le brocard commandé en 1811 à la maison lyonnaise Bissardon et Bony par Napoléon pour la chambre de l’Impératrice à Versailles, ces vêtements ont été offerts à la paroisse par le roi des Français en 1837.
Le roi renoue ainsi avec la coutume de l’Ancien Régime qui voulait que les princesses offrent leurs robes de bal pour la confection de vêtements sacrés.
– La chape commandée par Monseigneur Mabile en 1860 à l’occasion de la consécration du diocèse à la Vierge évoque les temps forts de la vie sacerdotale de l’évêque de Versailles.
– La crosse de ce même évêque le représente agenouillé devant
Saint Pierre, manifestant ainsi le mouvement ultramontain si présent en France à cette époque du XIXème siècle.
Témoins de la foi des fidèles.
Cette Foi s’exprime par le culte rendu à Dieu au moyen de la liturgie.
Les objets destinés au culte sont porteurs de signes religieux et de symboles en lien avec les Ecritures.
– Chasuble de Monseigneur Goux, 1877, par Biais aîné et Rondelet.
Le Sacré cœur est représenté au centre, entouré des symboles des évangélistes.
– Le calice des Trioullier, véritable Bible en images.
– Crosse de Monseigneur Goux. L Annonciation figure dans la volute.
Reliquaires
La vénération des reliques est propre au culte catholique. Les reliques principales sont liées au Christ, les autres à la Vierge et aux saints. On assiste au XIXème siècle à la prolifération des reliquaires à la suite de la dispersion des reliques rapportées de Rome après la découverte de nouvelles catacombes. La cathédrale Saint Louis présente un certain nombre de ces reliquaires.
– Croix reliquaire, 1833-1844 : la relique, authentifiée par le sceau de Mgr Blanquart de Bailleul, est un petit morceau de la croix du Christ. C’est une relique insigne, souvenir de la Passion. (photo de droite)
– Reliquaire de saint Julien, beau symbole qui réunit les restes des deux patrons de Versailles. Soutenu par Sanson reconnaissable à la mâchoire d’âne avec laquelle il tua, dit-on, mille Philistins, ce reliquaire comprend deux parties : une boîte parallélépipédique dans laquelle se trouve une relique de Saint Louis et une urne où est conservée une relique de saint Julien. (photo de gauche)
Ces reliquaires sont le témoignage de la dévotion des fidèles qui, depuis le début du christianisme, vénèrent les saints et font de leur vie exemplaire un modèle.
Posséder une relique insigne, celle de la Croix par exemple, c’était posséder un véritable trésor spirituel.
Les manuscrits
La cathédrale Saint Louis présente deux manuscrits réalisés au XVIIIème siècle par des calligraphes et enlumineurs de renom. Ces livres sont d’inspiration divine, cela les rapproche des reliques. Sanctifiés par la Parole de Dieu, ils méritent d’être magnifiquement ornés.
– Epistolaire, 1760, François Blondeau, enlumineur ; calligraphe François Claude Charles Sourdon du Mesnil.
– Evangéliaire, 1760, idem.
La Vierge de Limay
Lorsque les églises du diocèse ne peuvent pas conserver leurs objets d’art, le Trésor de la cathédrale peut les abriter pour un temps. Ainsi, la paroisse de Limay a mis en dépôt à Saint Louis une émouvante Vierge à l’Enfant du XIIème siècle. L’iconographie de cette œuvre est très proche de celle de Jouy- en- Josas, dite « la Diège ». La Vierge est assise sur un trône, le visage grave. Jésus n’est pas représenté comme un nourrisson mais comme un jeune enfant déjà pénétré de sa mission.
Debout, il porte dans sa main gauche ce qui semble être un oiseau, symbole de l’âme sauvée, sa main droite fait le geste de bénédiction. Pour montrer qu’il vient du ciel, ses pieds sont soutenus par deux anges.
Tous ces objets précieux sont avant tout des objets liturgiques qui ont servi à la manifestation de la Foi des fidèles et à l’exercice du culte catholique. Ils continuent d’exercer cette fonction puisqu’ils sont parfois extraits des vitrines pour certaines cérémonies.
Selon Sylvie Bethmont-Gallerand : « les Trésors sont des lieux où les richesses spirituelles et matérielles se rejoignent.”