La chapelle du lycée Hoche à Versailles
La chapelle du lycée Hoche dans sa beauté primitive !
Le lundi 9 avril 2012, Mgr Eric Aumonier, évêque du diocèse de Versailles, a présidé une messe solennelle dans la chapelle récemment rénovée du lycée Hoche. Mgr Thierry Jordan, archevêque de Reims, ancien élève du lycée Hoche, et Mgr Stanislas Lalanne, lui aussi ancien élève et ancien aumônier du lycée, étaient présents à ses côtés.
Cette messe, la première qui ait été célébrée depuis 1998, marque la réouverture de ce lieu prestigieux après plusieurs années de travaux effectués sous la direction de Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments Historiques.
Vue détaillée de l’un des bas-reliefs de la Chapelle
En 1766, à l’instar de Madame de Maintenon à Saint Cyr, la reine Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, désireuse de fonder une maison pour l’éducation des jeunes filles, souhaite faire venir à Versailles la communauté des Chanoinesses de Saint Augustin alors établie à Compiègne. Pour leur bâtir un couvent, Louis XV fait don à la reine d’un vaste terrain provenant de l’ancien domaine du château de Clagny. L’exécution de ce projet est confié à Richard Mique, architecte lorrain qui a fait ses preuves à la cour du roi Stanislas à Lunéville. Après la mort de la reine dès 1768, ses filles, et particulièrement Madame Adélaïde, continuent son œuvre et la mènent à bien. L’inauguration des bâtiments a lieu le 20 septembre 1772. Ils sont dès lors, dédiés à l’éducation des jeunes filles de la noblesse. Vingt ans plus tard, les évènements révolutionnaires entraînent la fermeture du couvent et le départ des religieuses et des pensionnaires.
C’est en vertu du décret impérial du 15 décembre 1806 que l’ensemble devient lycée de garçons, appelé lycée Hoche en 1888.
Un plan en croix grecque
Architecte de grand talent, Richard Mique adopte pour la chapelle un plan en croix grecque inspiré de la Casa Rotonda palladienne à Vicence. L’ensemble est coiffé d’une coupole appareillée qu’un oculus éclaire, référence au Panthéon de Rome.
Vingt quatre colonnes d’ordre ionique au fût cannelé supportent des entablements très ornés. Les chapelles latérales sont creusées en absides et, de chaque côté du chœur, derrière les grilles récemment rétablies, deux salles indépendantes accueillent l’une, les religieuses, l’autre les pensionnaires.
La tribune
Dans l’axe du chœur, la tribune de la reine est accessible par un petit escalier. Le décor des murs est réalisé par des artistes reconnus. En contrepoint à la noblesse et à la rigueur de l’architecture, le sculpteur Joseph Deschamps, imposé par Mique, pratique un art aimable, encore rocaille. Sur le fronton de la façade, il représente la Foi, l’Espérance et la Charité : la Foi, au centre, portait à l’origine une croix remplacée à la Révolution par une gerbe de blé, la Charité est, comme de coutume symbolisée par une jeune femme entourée d’enfants, l’Espérance est à droite.
A l’intérieur, tout autour de la chapelle, des bas-reliefs évoquent de façon vivante et colorée les scènes de la vie de la Vierge. L’un d’eux montre la rencontre de Jean Baptiste enfant avec Jésus encore nourrisson : Jean, serrant contre lui un agneau frisé s’avance pour jouer avec Jésus. Mais Marie, le doigt en l’air, lui signifie de ne pas réveiller le bébé endormi. Plus loin il représente la Vierge allaitante, la fuite en Égypte, Jésus charpentier à Nazareth, scènes simples et familières. La série se termine par l’Assomption et le couronnement de Marie.
La coupole
La coupole, peinte par Gabriel Briard, élève de Natoire, montre la reine présentant la communauté à la Vierge, entourée d’un cortège d’anges. Après la mort de Briard, Lagrenée “le jeune” est chargé de représenter sur les pendentifs les quatre Pères de l’Eglise avec leurs attributs : saint Augustin portant un cœur enflammé, saint Chrysostome avec sa croix, saint Jérôme et le lion, saint Grégoire avec la tiare papale. Ces peintures restaurées ont retrouvé leurs teintes douces et chaleureuses. La chapelle du Couvent de la Reine plût tellement à la famille royale que, quelques années plus tard, Madame Louise, fille de Louis XV, entrée au Carmel de Saint Denis, fit construire pour son couvent par le même Richard Mique, une chapelle très inspirée de celle de Versailles. Là aussi, Joseph Deschamps réalisa un décor sculpté étonnant de vivacité.